dimanche 9 mars 2008

Lille - On se rassure comme on peut !

L'ambiance est étrange ce soir au QG de Sébastien Huyghe, place de la République. Avec 21,64% des voix, le candidat UMP est loin derrière Martine Aubry (46,02%). Un résultat à l'image de la soirée... morose.



Une heure avant les premières estimations, la salle est encore vide. On peine à reconnaître le QG d'un candidat important au premier tour des municipales. Malgré les petits fours, répartis dans des coupelles aux endroits stratégiques... et deux buffets bien garnis recouverts de nappes afin que les gourmands ne profitent pas trop tôt des réjouissances.
Un homme chargé de la sécurité règle l'antenne de la télé qui essaye tant bien que mal de diffuser France 3. Décidément, rien ne va ce soir.

Les gens arrivent petit à petit. On discute, on sort fumer une cigarette. Certains se placent devant la télé, attentifs. Le silence se fait au moment du résumé du derby Valenciennes-Lille. 0-0, pas de quoi s'enthousiasmer. " M. Huyghe arrivera à 19h45 et restera cinq à dix minutes avant d'aller à la mairie " dit la chargée de communication. Il faudra en fait attendre 21 heures pour voir le candidat UMP à son QG. A l'approche des résultats, les visages se crispent, le stress est palpable. Les langues ont du mal à se délier, personne ne veut se prononcer. En tendant l'oreille, on parvient à saisir quelques résultats directement venus des bureaux de vote. Certains ont dépouillé et confient ce qu'ils savent. On évoque des résultats plus serrés que prévus.

"Tiens, voilà Cochonou ! "

Pourtant, il faut bientôt se rendre à l'évidence. Les premières estimations donnent la liste de Sébastien Huyghe deuxième avec 22,3% des voix. Les Verts seraient troisièmes avec environ 10% des suffrages. Nicolas, un militant parisien qui vote à Lille, veut y croire : "Les Verts se trouvent pris au piège de la triangulaire." On se rassure comme on peut. A la télé, le journaliste de France 3 parle d'une "histoire d'amour entre Martine Aubry et les Lillois". On souffle et on rigole dans la salle. François Hollande apparaît sur l'écran. "Tiens, voilà Cochonou!" s'exclame quelqu'un. Résultat garanti. L'antenne de la télé continue à faire des siennes. Cette fois, c'est un militant qui s'y colle. Là encore, son intervention est sujette à quelques blagues. C'est toujours bon pour l'ambiance.

"Est-ce qu'il a 10% Quiquet ? Ah, bah il va s'associer direct avec Aubry alors..." Les résultats tombent les uns après les autres. On fait la moue ou on applaudit, c'est selon l'image à l'écran. Pour le discours en direct de François Fillon, il n'y aura que des applaudissements. Pareil lorsqu'on apprend que Marc-Philippe Daubresse sera réélu à Lambersart avec 51%. Mais la tendance est plutôt au défaitisme. "On n'aura pas la communauté" dit quelqu'un. Enfin, on dévoile les buffets remplis de petits fours. Sébastien Huyghe arrive. Après avoir fait le tour de la salle et serré toutes les mains possibles, il monte sur une chaise et prend la parole.

"Nous pouvons créer la surprise!"

"Ca y est, il y a un deuxième tour, dit-il. Il n'y a pas de chèque en blanc à Martine Aubry. Maintenant on est face à face, projet contre projet. Elle a toujours refusé le débat, elle ne pourra pas y échapper."
Applaudissements nourris. Les gens écoutent religieusement. Perché, Sébastien Huyghe fait de grands gestes, parle avec conviction. "On lui rappellera ses échecs sur l'emploi, sur la propreté, sur la circulation, sur son propre projet ! On ira chercher les électeurs un par un, les centristes aussi. Il faut aussi aller chercher les voix dans les quartiers ! Une nouvelle campagne commence et nous pouvons créer la surprise. Ce ne sera pas facile, mais demain, tous ensemble, on va montrer que c'est possible !"

Il est temps de descendre de la chaise. L'assistance paraît à nouveau motivée. "On va pouvoir avoir un vrai débat, dit Garance, 25 ans, consultante en recrutement et sur la liste de Sébastien Huyghe. Oui, c'est sûr, on est loin. Mais je veux rester optimiste. Il le mérite. Tout est encore possible." Pour les supporters du candidat UMP, la soirée peut enfin commencer. Le stress est retombé, la déception un peu digérée. Il est temps d'attaquer les petits fours.

Alexis Hache

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