Julien n’a voté qu’une seule fois dans sa vie. C'était aux élections européennes de 2004, "pour essayer". Depuis, il s’abstient. Mais pas par paresse ou désintérêt, au contraire, le jeune homme ne croit pas à la démocratie représentative.
C’est un grand gaillard, pas vraiment une dégaine d’anar. Pourtant, Julien, 22 ans, est syndiqué à la Confédération nationale du travail (CNT) depuis le début de l’année. Par principe, il ne vote pas. "Je ne participe pas à la politique juste le jour du vote. La politique c’est un mode de vie, au quotidien. Il faut se tenir au courant des textes de lois. Parfois je pense que je suis même plus au courant de ce qui se prépare que les gens qui vont voter", explique Julien, étudiant en master d'économie à Lille III.
"La politique, c’est pas que pour les experts", ajoute le jeune homme, issu d’une famille croyante et plutôt à droite, voire à l’extrême droite. "Je fais chier mon père avec ça, je le traite de facho, mais c’est vrai, ils sont fermés d’esprit mes parents. Ils ne comprennent pas pourquoi je ne fais pas comme tout le monde."
"Ma carte électorale prend la poussière."
Sportif, son rêve après un bac économique, c’était d’entrer dans l’armée pour devenir sous-officier. "Je voulais sauver le monde, aider les gens." Après quelques stages de préparation, il a déchanté. "Finalement, quand ils ont dit oui, j’ai dit non." Trop de hiérarchie, trop de discipline.
Depuis, il a découvert Marx, "super autoritaire quand même", et Proudhon, "déjà mieux", au fil de sa licence à Dunkerque. Et les idées anarchistes ont pris de plus en plus de place dans sa vie. "En deuxième année, on avait fondé une petite Fédération anarchiste à Dunkerque, puis j’ai décidé de venir à Lille parce qu’il y a la CNT."
Ce qui lui pose problème, c’est la représentativité. "Une fois que tu entends A voté, c’est comme si tu avais perdu tout pouvoir politique, c’est pour ça que ma carte électorale prend la poussière chez moi."
Les municipales à Lille, ça le fait "bien rire, avec le grand jeu des alliances". Pour lui, "c'est se moquer des électeurs". C'est sûr, Julien ne fera pas partie "du marché politique des électeurs-consommateurs", ceux qu'on cherche à séduire à coups de "programmes qui ressemblent à des publicités".
Hélaï Hosseini
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