Lille - Sacha : "Je serai maire de Lille"

Sous le beffroi lillois, la relève est assurée. Une petite tête blonde que Martine Aubry a pris sous son aile et qui rêve de suivre ses traces. A 11 ans, Sacha de Sousa se frotte au monde de la politique, avec une lucidité étonnante.

"Des applaudissements pour Sacha !" Martine Aubry n'a pas eu besoin de le dire deux fois pour que toute la salle de l'école Samain-Trulin fasse une standing ovation au jeune garçon dégourdi. Première sensation d'homme public. "Mon heure de gloire", commente Sacha, à la sortie de la réunion de la candidate socialiste au Faubourg de Béthune le 4 mars dernier.

Sacha habite le quartier de la Baltique. En novembre dernier, la maire vient inaugurer le parc des Coccinelles, juste en face de chez lui. Une idée lui trotte alors dans la tête. "Chiche, lui dit sa mère, on va aller poser la question à Martine Aubry". Ni une, ni deux, Sacha se retrouve nez à nez avec la maire. "Je lui ai demandé si gérer une ville, c'était aussi compliqué en vrai que dans le jeu vidéo Simcity", raconte-t-il. Ce jeu qui consiste à créer sa ville et administrer des "Sims" sur ordinateur l’a rendu accro à la politique depuis deux ans.

"Sacha a toujours été très curieux, s'amuse Estelle, sa mère, quand Martine Aubry lui a proposé de faire un stage avec elle pendant une semaine, je n'y ai pas trop cru". A tort. Le 2 février, on sonne à la porte. C'est Martine qui vient chercher Sacha.

"En une semaine, on est parti à Paris, on a rencontré le maire d'Haïfa, on est allé à des compétitions de hip-hop et des vernissages." Sacha n'en revient toujours pas : "Si je pouvais le refaire, je le referais, mais c'était quand même une grande exception."

Tout un programme
Cette semaine passée à accompagner Martine Aubry a conforté le jeune Sacha dans son désir d'être maire. Le plus étonnant, c'est que le collégien analyse déjà la fonction avec une étonnante lucidité. Le plus important selon lui ? "Savoir faire ce qu'on dit, pas que des paroles mais aussi des actes." Les qualités essentielles à posséder ? "Être intelligent, généreux et gentil." Des défauts ? "Etre maire, c'est pas de tout repos. Il y a des choses embêtantes comme les longues réunions de travail et ça ne laisse pas beaucoup de temps pour la famille." Ce n'est pas "ce qui lui plairait le moins", mais ce qu'il y aurait de "plus difficile". Sacha maîtrise déjà tout l'art de la rhétorique.

Quand Sacha sera maire, sa première mesure sera "d'aider les gens en difficulté, même si elles ne sont pas financières". Sacha a compris que la politique de la ville s'adresse à tous les citoyens, les riches comme les pauvres. Il en a pris conscience précocément, après avoir fixé le niveau des salaires de ses Sims à 0% et monté celui des taxes à 100%. "Il y a eu des manifestations dans les rues", sourit-il. Il se réjouit que cette semaine auprès de Martine Aubry lui ait permis d'apprendre pleins d'astuces pour son jeu, notamment comment bien gérer son budget pour que "tout le monde soit content".

Avant de vouloir être maire, Sacha a songé devenir archéologue, pilote d'hélicoptère et sauveteur. Des projets qui éveillaient davantage l'intérêt de ses copains de sixième. "Eux la politique, ça ne leur fait encore ni chaud ni froid", précise-t-il, impatient d'avoir 18 ans et de débattre avec eux. Votera-t-il socialiste ? " Je ne sais pas encore, déclare-t-il, pour le moment je suis jeune et le PS s'intéresse aux jeunes."

Il se tourne vers sa mère. Elle l'a mis en garde. "Je lui ai dit qu'il n'avait vu pour l'instant qu'un seul parti, et qu'il y en avait d'autres." Sacha hoche la tête : "Enfin, vu comment Sarkozy se fait critiquer..." Et de conclure au sujet de sa semaine dans la peau d'un maire "Ça me manque, j'ai quand même versé quelques larmes à la fin". Gageons que ce n'est qu'un début sur la scène politique lilloise pour le doué Sacha, sachant déjà très bien l'amadouer.

Nathalie Gros