vendredi 14 mars 2008

Lille – Coups de peinture pour essuyer les plâtres de la politique urbaine

De grands projets de rénovation urbaine sont en cours de réalisation à Lille, que ce soit à Fives, Moulins ou à Lille-Sud. Pourtant, l’avenir de ces projets dépend du résultat du second tour des élections municipales.

Alors que le programme de l’UMP présente de graves lacunes en matière de logement, le thème de la rénovation urbaine est un des thèmes favoris de Martine Aubry : "Le logement a toujours fait partie de nos priorités", affirme Marie-Christine Staniec-Wavrant, 19e adjointe de Martine Aubry et déléguée à l’Action sociale liée au logement. "Mais maintenant, c’est devenu notre préoccupation numéro un".

Un programme ambitieux
Lille possède beaucoup de logements sociaux : 30% de son parc immobilier entre dans cette catégorie. L’objectif pour le PS lors du prochain mandat est de construire 10 000 logements dont 3 000 logements sociaux. Un des principaux axes de cette politique sera de favoriser une mixité sociale.

Cependant, cette volonté de la mairie risque de ne pas suffire face à l’ampleur des besoins. "Il y a 50 000 demandes de logements par an", affirme Philippe Deltombe, président du Droit au logement (DAL) à Lille. "Nous sommes circonspect de la politique du renouvellement urbain de la ville. On déplace des populations pour détruire et reconstruire après".

Cette approche de l’urbanisme laisse en effet de nombreux acteurs du logement dubitatifs. "Le concept de ‘’Ville renouvelée’’ et la création de logements sociaux, c’est de la pommade", confie un expert du logement à la communauté urbaine de façon anonyme. "Au lieu de redynamiser un quartier défavorisé, on lance de grands projets, on démolit et on reloge des familles plus loin, afin de construire des immeubles plus beaux et de casser des réseaux de délinquance", explique-t-il. "Si tu habites tout au sud de Lille-Sud par exemple, tu ne peux rien atteindre facilement", ajoute-t-il. Or, rien ne semble être fait pour améliorer l’infrastructure de ces quartiers ou leur situation économique.

80 % de la population en droit de demander un logement social
Les demandeurs de logement sont dans un vrai "marasme". La moyenne d’attente pour obtenir un logement social est de cinq ans. Certaines personnes attendent plus de dix-huit ans pour voir le dossier aboutir.

Du côté du DAL, on tempère la grogne. La politique de rénovation urbaine "peut valoir le coup": "On doit reconnaître une certaine réussite à l’ambition de Martine Aubry de faire de la mixité sociale." Pour le président de l’antenne lilloise de l’association, l’inquiétude est autre. "Les loyers augmentent. Cela devient un vrai problème pour les populations les plus défavorisées qui touchent le SMIC ou le RMI car leur loyer constitue alors la majeure partie de leur revenu. De fait, les recours aux demandes d’expulsion accordées par le préfet ont augmenté de 311 % en 2007", affirme Philippe Deltombe. Pourtant, la loi impose que le parc immobilier de chaque ville soit constitué de 20 % de logements sociaux. Or, d’après un rapport d’Emmaüs sur le logement, selon les critères de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains relancée par Jean-Louis Borloo, 80 % de la population serait en droit de demander un logement social. Un problème national plus que municipal.

"L’Etat prend en charge la construction des logements et donne les autorisations pour la création de logements sociaux", s’excuse Marie-Christine Staniec-Wavrant au PS. "C’est vrai que la flambée des prix ne s’est pas calmée. C’est pour ça que nous essayons d’adapter l’offre de logements".

Adrian Buffel

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