mardi 11 mars 2008

Lille-Lomme-Hellemmes - Comment fonctionne l’association?

Hellemmes et Lomme ont le statut de ville associée avec Lille. Un statut que les habitants ont du mal à comprendre. Le point sur l’association, ses avantages, ses inconvénients et son avenir.

A Lomme et à Hellemmes, un électeur sur quatre serait-il mécontent de l’association ? A Lomme, les listes contestant la fusion avec Lille réunissent 25,97% des voix soit 2598 électeurs. Eric Cattellin Denu a même baptisé sa liste "Non à la fusion". Les Gens d’Hellemmes regrettent que Gilles Pargneaux ne soit le maire que "d’un quart des Hellemmois", les autres "voulant du changement."

Augmenter les dotations de l'Etat
Le statut de commune associée a été mis en place avec la loi du 16 juillet 197, aussi appelée "Loi Marcellin". Premier objectif : réduire le nombre de petites communes. Deuxième intérêt : permettre aux communes d’obtenir des dotations plus importantes de l’Etat grâce à l’augmentation de leur nombre d’habitants. L’association avec Hellemmes en 1977 a offert à Lille la possibilité d’endiguer la diminution de sa population. En 2000, l’association avec Lomme a permis à Lille de dépasser le seuil de 200.000 habitants, et donc d’obtenir plus de sous de la part de l’Etat.

Manque de transparence financière
Difficile de savoir ce que l’association coûte aux Hellemmois et aux Lommois, et ce qu’ils reçoivent. La répartition des compétences entre la commune et la ville-centre pose problème. Le maire délégué perd la maîtrise des recettes de sa commune. "Lomme ne jouit d’aucune autonomie financière, accuse Didier Trédez, le maire ne décide ni des taxes foncière, ni des taxes d’habitation." Le conseil communal, devenu consultatif, ne discute que du volet "dépenses" du budget. Luc Pécharman, ex-FN, soutient que les Lommois ont dépensé 271 euros pour des investissements purement lillois en 2007. (Pour voir le tract cliquez ici)

Anne Lefevre, de l’association les Gens d’Hellemmes, réclame qu’un audit financier soit réalisé par une société indépendante. Avec les Verts, elle est déjà parvenue à ce que, pour la première fois, la commission mixte de suivi de l’association se réunisse. Une disposition pourtant inscrite dans la loi de 1971. "Cette réunion a confirmé qu’il y a quelque chose de louche, regrette Anne Lefevre, nous n’avons même pas été invité à y participer, aucun chiffre n’a été publié." Elle avance que l’enveloppe budgétaire d’Hellemmes est deux fois moins élevée que le budget moyen d’une ville de 20.000 habitants. Selon elle, alors que des villes de taille équivalente comme Loos ou Faches-Thumesnil disposent de 10 à 15 millions d’euros par an pour fonctionner, Hellemmes compose avec 5 à 6 millions.

Déficit démocratique
Dans le cas des associations de Hellemmes et de Lomme, les habitants n’ont jamais été consultés. C’est pourquoi Didier Trédez à Lomme parle d’"association décidée en catimini". Selon Anne Lefevre, "quand on parle d’association de communes dans nos réunions publiques, on réalise que les gens ne sont pas au courant."
Un manque de clarté auquel les candidats UMP, Verts et d’extrême droite entendent répondre par l’organisation d’un référendum. Etienne Forest et Sébastien Huyghe ont mis en avant cette idée dans leur programme. Sur le site de Didier Trédez, les Lommois peuvent lire : "C'est pourquoi, je vous donnerai la parole : c'est vous qui déciderez, par référendum, de poursuivre ou non la fusion avec Lille."


Opération électorale
Lors des scrutins municipaux, les Lommois et les Hellemmois votent deux fois. Une fois pour le conseil communal. Une fois pour le conseil municipal. Didier Trédez est clair, l’association entre Lille et Lomme correspond à "une décision par calcul purement électoral, pour s’assurer que Lille reste bien à gauche." Les deux communes représentent un réservoir de voix socialistes. Une opération qui pourrait d’ailleurs se retourner contre le PS lillois. Pierre Mathiot, directeur de Science-Po Lille, s’amuse du paradoxe qui veut que le centre-ville s’embourgeoise, certes, mais vote toujours à gauche. Ce sont les périphéries qui regardent à droite. En résumé, "le maire de Lille est toujours passé sans avoir vraiment besoin des voix des communes associées."

Quel bilan?
Qu’est-ce que Lomme et Hellemmes gagnent à être associés à Lille ? "Je ne trouve pas d’exemples concrets, affirme Anne Lefevre, ce n'est pas l’association qui a apporté à Hellemmes un complexe sportif, qui est un équipement normal dans une ville de 20.000 habitants." Fausse question, d’après Ludovic Coupin "l’essentiel n’est pas de savoir si les Hellemmois ont droit à quelque chose, mais s’ils ont les moyens de financer leurs ambitions." Anne Lefevre reconnaît ainsi que "les gens sont contents d’être à Lille, ville phare de la région, mais cela ne les empêche pas d’être mécontents de leur sort localement."

Nathalie Gros

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