mardi 11 mars 2008

Hénin-Beaumont – Le roman de la rose

Plus fort encore qu’un congrès du parti socialiste… Le feuilleton des divisions de la gauche à Hénin-Beaumont cultive l’art du rebondissement. Derrière les guéguerres de partis, c’est l’opposition entre Gérard Dalongeville et son ancien adjoint Daniel Duquenne qui a fait achopper jusqu’à présent les tentatives d’union.

"Des gens qui ont oublié leurs valeurs politiques pour la danse des fauteuils." À la veille du premier tour des municipales, voilà ce que Laurent Bocquet pensait des candidats de gauche ralliés à Gérard Dalongeville. Les divisions de la gauche à Hénin-Beaumont semblait plutôt amuser la tête de liste de l’UMP, même s’il dénonçait "l’hypocrisie" de certains.
Il est vrai que la valse des dissidents et des ralliés de dernière minute a fait flotté comme un parfum de mélodrame dans la petite ville du Pas-de-Calais.

Duquenne – Dalongeville : le désamour
Tout commence en 2001 lorsque Gérard Dalongeville, alors directeur de cabinet du maire Pierre Darchicourt, se présente contre son supérieur et lui ravit sa place.
Calife à la place du calife, le nouveau maire va procéder à l’évincement du directeur des services de la mairie d’Hénin-Beaumont, qui n’est autre que Daniel Duquenne. Sept ans plus tard, le malheureux licencié rêverait de prendre sa revanche sur le maire sortant. C’est du moins l’analyse de Jean-Pierre Chruszez, directeur de campagne de la liste socialiste, qui compare la candidature de Daniel Duquenne à un règlement de comptes d’ "un employé qui se fait virer par patron".

"La liste des mécontents"
La rivalité entre les deux hommes va ancrer une vraie ligne de clivage au sein de la gauche héninoise. Tant que ces deux-là seront au premier plan de la vie politique de la ville, il semblerait que cette ligne de partage ne puisse s’effacer. La liste de l’Alliance républicaine de Daniel Duquenne fédère ainsi tout ceux à gauche, et même peut-être au-delà, qui rejette aussi bien la personne, que la politique de Gérard Dalongeville.
Après la tentative avortée d’union derrière l’ex-vice président de région Alain Alpern , les Verts se sont ralliés à cette liste dissidente. Sortis de la majorité dès 2001, ils critiquent avec Céline Scavennec, conseillère régionale du parti écologiste "les pratiques de clientélisme et d’autoritarisme" du maire en place. Jean-Pierre Chruszez balaye d’un bon mot ces accusations de l’Alliance républicaine. "Une liste qui réunit tous les mécontents, raille-t-il, les exclus du PS, du MRC et le MoDem".

Marie-Nöelle Lienemann, l’entremetteuse
N’empêche, la liste des "mécontents" de Gérard Dalongeville aurait pu finir par rassembler tout le monde à ses dépens. Pierre Ferrari du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) qui se revendique comme la première force militante de gauche à Hénin-Beaumont, rappelle que la décision de s’unir à Gérard Dalongeville n’allait pas de soi. "Ça n’a pas été une décision facile car nous avions beaucoup critiqué sa politique", concède-t-il. "Il nous fallait une garantie", explique-t-il en parlant de la venue de la socialiste Marie-Nöelle Lienemann comme deuxième de liste à Hénin-Beaumont. C’est donc l’option d’un ticket Lienemann-Dalongeville, obtenue par la fédération socialiste du Pas-de-Calais, qui a permis de fédérer autour du maire sortant…et même de se payer au passage le soutien people du chanteur "engagé" Rénaud Séchan.



N’oublions pas en outre, comme le rappelle Pierre Ferrari qu’un "maire sortant ça fait souvent autour de 35%" et que dans une ville où le Front national peut espérer remporter la mairie, l’obligation de victoire a fait mettre pas mal d’eau dans le vin des militants socialistes… "Peu importe les hommes", conclut Pierre Ferrari, rejoignant le constat de réalité de Céline Scavennec qui évoque de son côté la ligne des Verts au second tour : "Tout faire pour empêcher l’arrivée du FN au pouvoir."

Si la tendance du premier tour se confirme, les responsables de la gauche à Hénin-Beaumont pourront au moins se retrouver autour de cet objectif achevé. En cas d’échec, ils auront six ans devant eux pour régler leurs querelles.

Paul Sanfourche

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