mercredi 12 mars 2008

Lille – Du barreau à l’hôtel de ville

Dalila Dendouga, 29 ans, est avocate, jeune maman et candidate sur la liste de Martine Aubry. Elle conserve sa troisième place sur la liste au second tour malgré la fusion PS, Verts et MoDem.


Les étagères de dossiers judiciaires et les photos de bébé cohabitent sur les murs rouges et gris de son cabinet d’avocate. Bientôt, Dalila Dendouga devra partager son temps entre son bureau dans le Vieux-Lille et la mairie. Troisième sur la liste socialiste, elle a de très grandes chances d’être élue dimanche au côté de Martine Aubry.

29 janvier 2008. Martine Aubry présente sa liste à la presse. Au premier rang, assise à droite de la maire sortante, une jeune femme élégante cuissardes et veste noires. “J’ai choisi de placer Dalila en troisième position entre Yves [Durand, maire de Lomme] et Gilles [Pargneaux, maire d’Hellemmes] comme un symbole”, explique la maire sortante.

Née à Tourcoing d’une mère marocaine et d’un père algérien, la jeune femme engagée pour défendre les Droits de l’homme résume de nombreuses valeurs prônées par la candidate socialiste. Pour ne rien gâcher elle habite Lomme, commune associée à Lille.

Serait-elle la “Rachida Dati” de Martine Aubry ? L’avocate réfute : non, elle n’est pas un simple outil de séduction de l’électorat d’origine immigrée.

“Martine Aubry ne m’a pas attendue pour diversifier sa liste”, expliquait-elle en janvier :



Dalilda Dendouga se présente pour la première fois à une élection. Elle n’a pas sa carte au PS mais un passé engagé. “J’ai milité pour les droits de l’homme au sein d’Amnesty International, notamment pour rechercher mon oncle, opposant marocain qui a disparu lors d’une manifestation contre le roi. On ne l’a jamais retrouvé”, raconte-t-elle. Sa candidature est aussi une façon de compléter son action pour la justice.
“Etre avocat, c’est essayer de changer les choses au cas par cas. J’ai aussi envie de m’investir de manière plus globale ”:


Pourquoi dans le camp socialiste ? Parce qu’elle admire profondément Martine Aubry, qu’elle a rencontrée pour la première fois lors d’un concours d’éloquence. “En la côtoyant je me suis rendue compte qu’en réalité c’est une femme super simple et abordable, elle n’hésite pas à prendre les gens dans ses bras”, raconte la jeune femme charmée. Elle adhère sans réserve à son projet pour Lille et le défend avec enthousiasme.

Au bureau, sa candidature ne gêne personne. “Au contraire, nous sommes un cabinet de gauche, nous défendons les salariés victimes de licenciement abusifs”, revendique-t-elle. Un de ses collègues était candidat sur la liste socialiste à Croix, et Patrick Tillie, co-fondateur du cabinet est le frère d’Isabelle Tillie (candidate sur la liste PS à Lille).

Pendant la campagne, comme tout bon colistier, Dalila Dendouga a fait du porte-à-porte dans le Vieux-Lille. “Un soir j’ai rencontré une vieille femme malade qui était effondrée : elle avait des problèmes de chauffages en plus de graves problèmes de santé. Je l’ai invité à venir rencontrer Martine Aubry le soir même dans une réunion de quartier et j’ai été très émue d’apprendre que la maire s’est chargée de son problème en quelques jours”, rapporte-elle. Dalila Dendouga affirme que la campagne électorale ne l’a pas changée : “Je ne veux pas devenir comme certains politiques qui voient les gens de haut. La politique c’est du concret, pas des théories”.

Dimanche prochain, elle sera à l’hôtel de ville, comme le soir du premier tour. “Il y avait une ambiance incroyable, et quand Martine Aubry est arrivée on aurait dit que les Rollings Stones faisaient leur entrée !”, se réjouit la jeune femme. Seule ombre au tableau : le taux d’abstention de 54%. “C’est énorme et Sébastien Huyghe n’a pas tout à fait tort quand il dit que les abstentionnistes pourraient faire la différence”.

Le rôle de la jeune colistière dans la prochaine équipe municipale reste à définir : “J’ai été appelée pour mes compétences dans le domaine des droits de l’homme je pense, mais tout dépendra des tractations avec le MoDem et les Verts”. Entre les affaires au tribunal, la mairie et son garçon de huit mois, il faudra qu’elle s’organise. Pas sûr qu’elle respecte les 35 heures si chères à Martine Aubry.

Elodie Raitière

Aucun commentaire: