Villeneuve d’Ascq - Caudron, le PS et la gauche

Tahar Ben Jelloun a dit que « la politique dénature et ruine l'amitié» dans Eloge de l’amitié. L’affaire Caudron est un vrai cas d’école. Chronique d’une guerre fratricide entre socialistes.

“On n’est pas en Colombie ! Caudron, c’est un desperados ! Comme si on pouvait assumer le destin d’une ville comme Villeneuve d’Ascq quand on est contre tout le monde!
9 février 2008. Pierre Mauroy tremble de colère. Il est venu soutenir le maire sortant de Villeneuve d’Ascq, le socialiste Jean-Michel Stievenard, dans la bataille des municipales. Bernard Derosier, député socialiste du Nord depuis 1978 , en rajoute une louche: “On n’est pas de gauche quand on divise! Il n’y a qu’une seule liste de gauche, celle de Jean-Michel Stievenard.“

Bernard Derosier a combattu Caudron aux élections législatives en 1988 et 2002 : la seconde fois, Caudron est même arrivé premier sur Villeneuve d’Ascq. Malgré la menace du trublion, Bernard Derosier a réussi à garder la main sur sa circonscription du Nord. Mais en a tiré une rancune tenace contre Gérard Caudron. Qui a été chassé du PS fin 2001. Ce que le maire honoraire de Villeneuve d’Ascq a eu bien du mal à accepter.

Gérard Caudron a été le maire socialiste de Villeneuve d’Ascq de 1977 à 2001.
Il a soutenu son premier adjoint socialiste Jean-Michel Stievenard pour la bataille des municipales en 2001. “C’était un bon second qui a du mal à devenir un bon premier“, dit-il aujourd’hui du maire sortant.
Jean-Michel Stievenard faisait alors face à Didier Manier à qui il a manqué six voix pour être investi par les militants.
Depuis qu’il a fondé son mouvement en 2002, le Rassemblement citoyen, Gérard Caudron a coupé les derniers ponts qui lui restaient avec les socialistes, locaux comme nationaux. C’est ce qu’il explique dans son livre Comm’ les p’tits coquelicots.
Fabius? Passe encore. Caudron dit avoir “reçu un coup de fil l’autre soir pour lui parler de Didier Manier", fabiusien et troisième de liste de Jean-Michel Stievenard.
Ne lui parlez pas des autres, les éléphants ou les jeunes lions, ses poils se hérissent.
Mitterrand est le seul que Gérard Caudron peut encore voir en peinture. Au sens propre comme au figuré : dans son bureau à l’hôtel de ville, l’ancien président de la République trône sur l’un de ses murs. Fidèle au poste.

Lucie Romano