"Quelle émotion". Martine Aubry n’a pas caché sa joie. Avec 66,56% des voix, elle réalise un score historique. Elle laisse Sébastien Huyghe loin derrière avec 33,44%. La candidate socialiste conforte sa position et sa candidature à la présidence de la LMCU.
Elle brandit un bouquet de roses rouges. S’ensuit une salve d’applaudissements et de vivas. "D’abord quelle émotion…C’est un très grand bonheur pour moi. Merci à tous du fond du cœur." Dans le hall de l’Hôtel de ville, les partisans de Martine Aubry exultent. Leur candidate s’est imposée au second tour: ce sont 35 226 votants qui ont plébiscité la maire sortante lors du second tour des municipales contre 26 939 au même scrutin en 2001. Le score est "excellent." C’est le meilleur résultat obtenu par la gauche à Lille depuis Roger Salengro en 1935, comme n’a pas manqué de le rappeler Pierre Mauroy. "Cette victoire s’inscrit dans une longue histoire, voilà un siècle que Lille a des maires socialistes. On va vers un mouvement perpétuel, j’espère" s’est enthousiasmé l’ancien maire de Lille et président de la communauté urbaine de Lille (LMCU). "Ma hantise était que cette lignée soit coupée."
Une victoire à peine ternie par l’abstention
La victoire de Martine Aubry était pourtant prévisible. Elle avait rassemblé 46,02% des voix au premier tour et son alliance dans l’entre-deux tours avec les Verts et le Modem de Jacques Richir lui assurait un report de voix confortable. Seule inconnue : la participation. Elle est en baisse par rapport au premier tour. Les partisans de Sébastien Huygue comptaient sur une plus forte mobilisation. Le candidat UMP espérait même être "le grain de sable qui ferait chuter la machine." Ce soir, il ne cachait pas sa déception : seuls 44,42 % des inscrits ont glissé leur bulletin dans l’urne. "Apparemment, on n’a pas fait suffisamment pour qu’ils viennent voter" regrettait le candidat UMP qui malgré le ralliement de Brigitte Mauroy n’est pas parvenu à créer une dynamique autour de sa candidature.
Et si la fusion des listes Modem, Verts, PS avait aussi entraîné une perte des voix ? Jacques Richir n’exclut pas cette hypothèse : "Je pense que les électeurs ont cru que les choses étaient déjà jouées." Pour autant, le candidat du Modem n’estime pas avoir déstabilisé son électorat en s’alliant au Parti Socialiste : "Nous avons changé d’électorat, il n’est plus le même" affirme Jacques Richir, qui a réitéré son soutien à la candidature de Martine Aubry à la présidence de la LMCU .
« Martine présidente »
Car ce soir, tout le monde avait en tête le "troisième tour" des élections. Si la candidate n’en a pas parlé dans son discours officiel, l’enjeu de la communauté urbaine était bien présent dans la salle. "Martine présidente, Martine présidente" ont scandé les sympathisants. Quant à Pierre Mauroy, il s’est dit confiant : "à ce bonheur, s’en ajoutera bientôt un autre." Réelu la semaine dernière maire de Tourcoing, le socialiste Michel Delannoy, venu soutenir Martine Aubry, s’est félicité de "pouvoir rassembler une majorité autour [d’elle]."
Si elle est élue présidente de la communauté urbaine de Lille, Martine Aubry succédera à Pierre Mauroy. S’inclinant, "Gros Quiquin" a conclu son discours par une déclaration d’amour : " j’aime les Lillois et je les aimerai toujours."
Renée Greusard et Marine Pennetier
(photo : Nathalie Gros)
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lundi 17 mars 2008
LILLE – « Cette victoire s’inscrit dans une longue histoire »
dimanche 16 mars 2008
Lille - S.Huyghe: "En politique, il faut savoir perdre"
Soir de défaite au QG de Sébastien Huyghe, largement battu par Martine Aubry (66% contre 34%). Les militants esquissent un premier bilan. Et le candidat de l’UMP se projette déjà vers l’avenir.
Une pincée de journalistes, une poignée de militants. Quelques minutes avant l’ouverture du QG de campagne de Sébastien Huyghe, la foule est clairsemée. Et personne ne se fait d’illusions. Jérôme Garcia, candidat malheureux de l’UMP à la mairie de Mons-en-Baroeul, est de passage pour apporter son soutien à Sébastien Huyghe. Il souhaite une remise à plat au sein de son parti après les élections, appelant de ses vœux que "la droite se trouve un vrai leader dans le Nord car il y a eu trop de cacophonie".
Dans le local, les discussions sont vives. Très vite, on cherche des boucs émissaires: les médias sont accusés d’avoir malmené le candidat UMP. "Il n’y a pas eu un article sans que Sébastien soit démonté", s’emporte Daniel Vilain, 21ème sur la liste.
Les Lillois ne sont pas non plus épargnés. Le taux d’abstention ne passe pas. "On devrait rendre le vote obligatoire", pestent des militants. Deux explications sont avancées pour expliquer cette désertion: le manque de notoriété de Sébastien Huyghe et le sentiment que le résultat était couru d’avance. "Cette ville est socialiste depuis longtemps, les gens ont peur du changement", avance une militante.
Plus étonnant, certains co-listiers sont également pointés du doigt. On leur reproche leur manque d’implication. Le docteur Rosenblat, 27ème sur la liste, s’insurge: "je travaille dix heures par jour, le reste de mon temps était consacré à la campagne".
La prochaine fois peut-être?
Mais le silence se fait quand les premiers résultats commencent à tomber. Les yeux rivés sur l’écran de télévision, les réactions sont nombreuses. Mais silencieuses. Bayrou au coude à coude avec la candidate socialiste ? Regards incrédules. Xavier Darcos battu ? Hochements de tête résignés. Le tour de France des résultats est vite interrompu par l’arrivée de Sébastien Huyghe. Il serre des mains avant de monter sur une table. Le candidat UMP est longuement applaudi: "Ca me fait chaud au cœur de retrouver tous mes amis […] En politique il faut savoir perdre. C’est ce qui prépare les victoires". Car Sébastien Huyghe ne compte pas en rester là. Il entend jouer son rôle dans l’opposition municipale (l’UMP comptera 10 sièges) et dans les conseils de quartier: "On veut être un grain de sable dans une machine trop bien huilée". Le temps, c’est ce qui aura manqué à Sébastien Huyghe pour venir contester la victoire annoncée de Martine Aubry. Investi en novembre, il n’aura bénéficié que de cinq mois pour mener campagne. Sébastien Huyghe se projette donc déjà dans l’avenir. Et Brigitte Mauroy sera encore à ses côtés. Lorsqu’elle le rejoint sur la table, les applaudissements sont nourris, encore une fois. "Avec Brigitte, on en a arpenté des trottoirs. En tout bien tout honneur bien sûr". Éclats de rire dans la salle. Puis de nouveau un tonnerre d’applaudissements lorsque la "nièce de" déclare que "le vrai héritier de Pierre Mauroy, c’est Sébastien". Un ton emphatique qui souligne le paradoxe de la soirée: la défaite du candidat de l’UMP se veut pleine d’espoir. Car tout commence pour Sébastien Huyghe.
Maxime Goldbaum
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Lille- premières réactions: S.Huyghe, M.Aubry, P.Mauroy, E.Quiquet, J.Richir et Sacha
Premières réactions, recueillies à la mairie de Lille par nos reporters.
Le candidat UMP Sébastien Huyghe, interrogé à la mairie de Lille, a commenté les résultats définitifs du second tour de l'élection municipale: "Il y a un gros taux d'abstention donc ça n'est pas représentatif".
Evoquant sa campagne, Sébastien Huyghe concède : "apparemment ça n'a pas été suffisant pour que les lillois viennent voter".
"Je félicite les vainqueurs a déclaré le candidat UMP. On va construire une opposition face à une majorité hétéroclite. Je leur souhaite bon courage."
"Ca fait un partout, a ajouté Sébastien Huyghe, Martine Aubry n'était pas là pour la revanche en 2007 (ndlr: pour les législatives). Moi je serai là en 2014."
Martine Aubry a quant à elle rendu hommage à l'ancien maire de Lille et président de la communauté urbaine Pierre Mauroy: "Je remercie Pierre Mauroy, l'immense serviteur de nos valeurs. Pierre, tu as tant fait pour notre ville. Merci de m'avoir fait confiance il y a 14 ans. Je te dédie mon score ce soir."
Commentant son score, la candidate PS a ajouté: "C'est un résultat historique pour la gauche. On fait 10% de plus que Roger Salengro en 1935."
Martine Aubry a également tenu à donner une dimension nationale à sa victoire et souhaité continuer à "porter haut" les valeurs de "justice", "solidarité" et d'égalité".
Pierre Mauroy a lui salué un "résultat exceptionnel". Pensant déjà au futur, il a déclaré, "Ce bonheur s'ajoutera bientôt à un autre bonheur, avec l'élection du président de la communauté urbaine de Lille". "Cette victoire s'inscrit dans une longue histoire a ajouté l'ancien maire de Lille, ça fait un siècle que Lille a des maires socialistes. On va vers un mouvement perpétuel, j'éspère."
Jacques Richir, le candidat MoDem rallié à la liste de Martine Aubry s'est déclaré "satisfait mais déçu que sa troisième colistière (ndlr: Jaëlle Lanoy) ne rentre pas au conseil municipal"
Commentant la victoire, il a déclaré: "Nous avons changé d'électorat tout comme Lille a bougé. Elle est devenue plus jeune, plus urbaine et le Mouvement démocrate est dans la ligne de ce qu'a besoin Lille." Revenant sur le programme du candidat UMP Sébastien Huyghe il a jugé que ce n'était "pas un bon projet" et "pas un bon leader"
"On s'attendait à une large victoire, c'est une très très belle victoire." Voilà les propos d'Eric Quiquet, qui avait mené la liste Verts, avant de rejoindre Martine Aubry au second tour. "ça nous donne surtout des coudées franches pour nous mettre au boulot" a affirmé Eric Quiquet, "On a six ans pour poursuivre la transformation de la ville." Au programme: l' "engagement que la ville soit 100% cyclable en 2015"
Sacha, le petit protégé de Martine Aubry s'est lui déclaré "très content"
"j'aimerai bien rester mais je ne peux pas parce que demain j'ai école" a t-il commenté sagement.
Marine Pennetier et Renée Greusard
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Lille - La rose du Nord
Réélue avec 66,56% des voix, Martine Aubry entame son deuxième mandat à la mairie de Lille. Les conditions ne lui étaient pourtant pas favorables au départ. Portrait d'une socialiste parisienne qui su convaincre le Nord de l'adopter.
À observer Martine Aubry flâner dans les allées du marché de Wazemmes, on devine qu'elle est devenue une vraie Lilloise. Elle connaît bien les commerçants, se laisse tutoyer, plaisante. Sans oublier de faire passer son message. Quand certains la félicitent des résultats du premier tour, elle répond sur un ton de confidence, "oui mais je suis déçue que les gens aient si peu voté".
Le temps du parachutage est bien loin. Pourtant, quand elle arrive de Paris en 1994, Martine Aubry se trouve face à un parti socialiste local plutôt hostile. Et pour cause, elle prend la place du dauphin jusque là incontesté de Pierre Mauroy: Bernard Roman. Bien qu'elle soit élue maire en 2001, on n'oubliera pas de le lui faire payer.
"Elle a beaucoup souffert d'être attaquée par le PS lui-même. Elle a bu la tasse en 2002 aux législatives parce que le PS n'a pas fait campagne derrière elle", affirme Pierre Mathiot, directeur de l'Institut d'Etudes Politiques de Lille (IEP). Mais Martine Aubry a du caractère. Elle a tourné la défaite à son avantage en se concentrant sur sa fonction de maire. "Elle a fait bouger le jeu politique local", précise Pierre Mathiot. Sa force a été de trouver des alliés indéfectibles tout en ménageant les personnes qui ne l'aimaient pas. Jusqu'à ce qu'ils en viennent, parfois, à la soutenir.
Mais convaincre les politiques ne suffit pas. En 2006, la Voix du Nord publie un sondage qui tombe comme un couperet. Si 78% des lillois interrogés estiment que le travail effectué par la municipalité de Lille est bon voire excellent, 58% souhaitent que la maire laisse sa place à quelqu'un d'autre pour les municipales de 2008.
Martine Aubry n'a de cesse de convaincre les Lillois qu'elle a le Nord "dans le sang". Lilloise d'adoption, elle ne manque pas de rappeler son attachement à sa terre d'accueil. "Je suis venue à Lille parce que Pierre Mauroy me l'a demandé mais aussi parce que j'aimais déjà le Nord. Au bout d'un an et demi, quand je rentrais à Paris une fois par semaine, j'avais hâte de revenir, et Martine Aubry d'ajouter, c'est ma ville depuis plus de dix ans, je me sens chez moi." Au vu des résultats des élections, le pari semble réussi.
Ce n'est pourtant pas une relation passionnelle qui unit les Lillois à leur maire. "C'est quelqu'un qui peut ne pas être aimée, mais elle est respectée, c'est l'essentiel en politique", explique Pierre Mathiot. Sa manière d'être y est pour beaucoup. "Ce n'est pas le genre à s'endormir en bout de table, elle bosse énormément. Elle est exigeante et c'est vrai qu'elle s'énerve si ça ne va pas assez vite. Mais elle a gagné le respect, même du patronat local ", précise le directeur de l'IEP. On l'a beaucoup attaquée sur son caractère quand elle était ministre. Un refrain qu'a repris l'UMP au début de la campagne pour les municipales. "C'est vrai que j'ai des exigences, je ne suis pas là pour sourire tout le temps mais pour me battre pour les gens. Je crois quand même être quelqu'un de généreux", assure la maire.
Le travail sur l'image, Martine Aubry n'en a jamais fait son fer de lance. Elle n'a pas étalé sa vie privée, et encore moins sa relation à son père, Jacques Delors. "Je n'ai jamais joué de la filiation, mon père m'est trop précieux pour que je l'utilise", confie-t-elle.
Ambitieuse la maire de Lille? Certainement, mais pas au point de faire de la politique spectacle. "Pour moi la politique est portée par des valeurs, par l'envie de se battre pour les gens. Vous ne verrez jamais une photo de moi avec mon mari ou avec ma fille". Et Martine Aubry de conclure, "J'arrêterai la politique s'il fallait la faire autrement".
Anne Dory, photo Jean-François Soléry
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Lille - Les urnes à moitié vides
Le deuxième tour des municipales n’a pas mobilisé plus d’électeurs que la semaine dernière. Tour d’horizon de la participation dans les quartiers de Lille, en cinq étapes.
Le plus V.I.P. Le bureau de vote 501 du Vieux-Lille est certainement celui de la métropole qui a vu défiler le plus de journalistes dans la journée. À 11 h, Martine Aubry a glissé son bulletin dans l’urne, suivie une heure plus tard par Pierre Mauroy. Plus matinal, Monseigneur Defois, s’est présenté à 8h30 rue du Lieutenant Colpin. À 16 h, la participation était identique à celle de la semaine dernière, avec 37% des inscrits. "On espère une petite relance en fin d’après-midi" remarque le président M. Fournier, alors que le soleil vient remplacer la pluie. Une journée "sympathique" qui s’est déroulé dans une ambiance "cordiale" et "sans aucun souci", les petits pains au chocolat offerts par M. Fournier n’y étant pas pour rien.
Devant l’école Gutenberg, Bruno et Marie-Claude referment leur parapluie. Ils ont bravé le mauvais temps pour "exprimer un vote sanction contre le gouvernement et adresser un message au niveau national".
Le plus festif. Ambiance carnaval au bureau de vote 111 de Wazemmes. Il est 17 h, quelques cagettes vides rappellent que le marché n’est pas bien loin. La Maison folie bat encore au rythme des tambours. On sent Wazemmes fatigué par la longue nuit de carnaval, mais toujours vibrant. À la salle polyvalente, on vote entre les guimauves en chocolat et les confettis. Eric Quiquet est passé à 12h45. Sébastien Huyghe, plus matinal, a voté à 11h15. Bernard, 55 ans, se "fiche des alliances entre les deux tours", il a voté "comme d’habitude, par conviction, socialiste". Le président, Pierre Morteux, se réjouit: "la participation est supérieure de 8 points à celle de la semaine dernière". À 17 h, 31% des inscrits se sont déplacés, et le vice-président prévoit un "boom" d’ici 18 h.
Le plus calme. Peu d’animation au bureau de vote 106 du Club des retraités à Vauban. Au cœur de ce quartier où Jacques Richir avait réalisé son meilleur score, la présidente Laurence Ducheval note une "petite participation" de 33,72% à 16 h: "On n’a pas vu le sursaut attendu, ce sont les mêmes votants que la semaine dernière." L’explication ne tient pas au mauvais temps. "On a l’habitude" s’amuse Céline, 29 ans. Selon Matthieu, le peu d’enjeu pousse les gens à se désintéresser des élections locales. Lui votera blanc, "plus pour exercer son droit que pour faire un choix".
Le plus optimiste: "C’est le bureau de vote de Martine Aubry ici " Voilà qui fait la fierté de Walid Hanna, président du bureau 812 du Faubourg de Béthune et 12e sur la liste de la candidate socialiste. Avec un taux de participation de 44,40% à 17 h, soit "un peu plus que la semaine dernière à 18 h", l’équipe de l’école Jeanne Hachette n’a pas chômé. "On fêtera ça à 20 h", sourit M. Hanna.
Moins enchantée, Brigitte, 49 ans, explique qu’elle a voté "parce que c’est un droit, en pensant au Faubourg de Béthune". Elle se plaint qu’on ne s’occupe pas assez de la propreté: "Entrez dans les cages d’escaliers, vous verrez."
"Vous ne serez pas déçue du voyage", ajoute en écho un vieux monsieur derrière elle.
Le plus contestataire: Rien à signaler du côté "municipales " du bureau de vote 614 à Moulins. Le président Francis Lefevre regrette qu’avec un taux de participation de 35,53% à 17 h, on est "un tout petit peu en dessous de la semaine dernière". Par contre, côté "cantonales", l’ambiance est plus électrique. "Les gens sont surpris de ne voir qu’un seul candidat, explique la présidente Annie Semal-Lebleu, certaines personnes refusent d’entrer dans l’isoloir parce qu’elles sont frustrées de ne pas avoir le choix."
Nathalie Gros
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Lille - Martine Aubry l'emporte haut la main
Martine Aubry est réélue maire de Lille avec 66,56% des voix contre 33,44% à son adversaire UMP Sébastien Huygue.
Le taux de participation pour ce deuxième tour est de 44,42% contre 48,83% pour le premier tour.
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Lille - Les urnes, à moitié vides, à moitié pleines
Le deuxième tour des municipales n’a pas mobilisé plus d’électeurs que la semaine dernière. Tour d’horizon de la participation dans les quartiers de Lille, en cinq étapes.
Le plus V.I.P.
Le bureau de vote 501 du Vieux-Lille est certainement celui de la métropole qui a vu défiler le plus de journalistes dans la journée. À 11h, Martine Aubry a glissé son bulletin dans l’urne, suivie une heure plus tard par Pierre Mauroy. Plus matinal, Monseigneur Defois s’est présenté à 8h30 rue du Lieutenant Colpin. À 16h, la participation était identique à celle de la semaine dernière, avec 37% des inscrits. "On espère une petite relance en fin d’après-midi", remarque le président M. Fournier, alors que le soleil vient remplacer la pluie. Une journée "sympathique" qui s’est déroulée dans une ambiance "cordiale" et "sans aucun souci", les petits pains au chocolat offerts par M. Fournier n’y étant pas pour rien.
Devant l’école Gutenberg, Bruno et Marie-Claude referment leur parapluie. Ils ont bravé le mauvais temps pour "exprimer un vote sanction contre le gouvernement et adresser un message au niveau national".
Le plus festif
Ambiance carnaval au bureau de vote 111 de Wazemmes. Il est 17h, quelques cagettes vides rappellent que le marché n’est pas bien loin. La Maison Folie bat encore au rythme des tambours. On sent Wazemmes fatigué par la longue nuit de carnaval, mais toujours vibrant. À la salle polyvalente, on vote entre les guimauves en chocolat et les confettis. Eric Quiquet est passé à 12h45. Sébastien Huyghe, plus matinal, a voté à 11h15. Bernard, 55 ans, se "fiche des alliances entre les deux tours", il a voté "comme d’habitude, par conviction, socialiste". Le président, Pierre Morteux, se réjouit : "La participation est supérieure de 8 points à celle de la semaine dernière." À 17h, 31% des inscrits se sont déplacés, et le vice-président prévoit un "boom" d’ici 18 h.
Le plus calme
Peu d’animation au bureau de vote 106 du Club des retraités à Vauban. Au cœur de ce quartier où Jacques Richir avait réalisé son meilleur score, la présidente Laurence Ducheval note une "petite participation" de 33,72% à 16h : "On n’a pas vu le sursaut attendu, ce sont les mêmes votants que la semaine dernière." L’explication ne tient pas au mauvais temps. "On a l’habitude", s’amuse Céline, 29 ans. Selon Matthieu, le peu d’enjeu pousse les gens à se désintéresser des élections locales. Lui votera blanc, "plus pour exercer son droit que pour faire un choix".
Le plus optimiste
"C’est le bureau de vote de Martine Aubry ici !" Voilà qui fait la fierté de Walid Hanna, président du bureau 812 du Faubourg de Béthune et 12e sur la liste de la candidate socialiste. Avec un taux de participation de 44,40% à 17h, soit "un peu plus que la semaine dernière à 18 h", l’équipe de l’école Jeanne Hachette n’a pas chômé. "On fêtera ça à 20h", sourit M. Hanna.
Moins enchantée, Brigitte, 49 ans, explique qu’elle a voté "parce que c’est un droit, en pensant au Faubourg de Béthune". Elle se plaint qu’on ne s’occupe pas assez de la propreté : "Entrez dans les cages d’escaliers, vous verrez." "Vous ne serez pas déçue du voyage", ajoute en écho un vieux monsieur derrière elle.
Le plus contestataire
Rien à signaler du côté "municipales" du bureau de vote 614 à Moulins. Le président Francis Lefevre regrette qu’avec un taux de participation de 35,53% à 17h, on est "un tout petit peu en dessous de la semaine dernière". Par contre, côté "cantonales", l’ambiance est plus électrique. "Les gens sont surpris de ne voir qu’un seul candidat, explique la présidente Annie Semal-Lebleu, certaines personnes refusent d’entrer dans l’isoloir parce qu’elles sont frustrées de ne pas avoir le choix."
Nathalie Gros
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Lille - Le MoDem fait ses calculs
Dans le quartier Vauban, les voix du MoDem se sont reportées sur le candidat UMP Sébastien Huyghe.
A l'école Bichat où Jacques Richir, qui conduisait la liste MoDem au premier tour, a enregistré son meilleur score dimanche dernier, Sébastien Huyghe a récolté 47,60% des suffrages, contre 52,40 pour Martine Aubry. Un différentiel de 28 voix seulement séparent les deux candidats.
Loin de ces considérations, le candidat MoDem préferait ce soir faire ses calculs.
Interviewé par Alix Froissart à la mairie de Lille, il a dit espérer que "Martine Aubry atteigne les 70%" pour que les "trois personnes de la liste MoDem présentes sur la liste de Martine Aubry soient élues"
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vendredi 14 mars 2008
Lille - Quand Ariane protège Marianne
“Techniquement, on est rodé”, assure Ariane Capon. L'adjointe au maire, déléguée aux élections, n'a pas de craintes particulières à l'approche de la soirée électorale. Tout est prévu pour le bon déroulement du scrutin dimanche. Malgré quelques réticences vis-à-vis de l’informatique.
L'imprévu n'est jamais très loin lors des soirées électorales. “En 2001, on a eu un problème de câble informatique. Il nous a fallu une petite heure pour comprendre d’où venait la panne et la réparer.” Pour parer à l'inattendu, tout doit être organisé dès le stade du bureau de vote.
“Avec le cumul municipales et cantonales, ce sont pas moins de 138 bureaux de vote qui seront ouverts aux citoyens lillois, lommois et hellemmois.” Et pour chaque bureau, appel est lancé aux bénévoles. Objectif légal minimal : un président et deux assesseurs par bureau. Les militants répondent en partie présent. Pour le reste, ce sont les employés municipaux, payés en heures supplémentaires, qui forment le gros de la troupe. Cette année, la mairie de Lille enverra 340 personnes sur le terrain.Les personnels une fois désignés, il faut encore les briefer. “Une réunion de formation est organisée pour les présidents de bureaux de vote. Ils peuvent être confrontés à toutes sortes de problèmes.” Quelques exemple divers et variés. Une carte d’identité, même périmée, suffit pour aller voter. Une femme, voilée, peut venir voter dans la mesure où elle ne cache pas son visage. Si une personne handicapée ne peut franchir les portes du bureau, l’urne doit lui être apportée... “ L’important, c’est que les gens aient envie de voter. Cela suppose une certaine souplesse.”
Des bougies pour chaque bureau
Et si une solution n’est pas trouvée par le président de bureau, cinq référents municipaux, en tournée dans leur zone, sont chargés de superviser la bonne tenue des élections. De même, un policier est dévolu à chaque secteur. Présidente d'un bureau de vote pendant 25 ans, Ariane Capon n’a jamais vu quelqu’un tenter de voler une urne. “Par contre, il est déjà arrivé qu’une bagarre éclate au cours d’un dépouillement. Il y avait deux raisons à cela : un conflit personnel et la boisson.” Des boissons alcoolisées bien entendu interdites dans le bureau.
Même la panne d’électricité est devancée. “Des bougies sont prévues. Elles sont envoyés avec les deux clés des urnes.” Deux clés qui, utilisées simultanément, permettent d’accéder aux bulletins pour le décompte. “Une clé est pour le président, une pour un assesseur de l’opposition.” Ce qui a posé un léger problème lorsqu'une fois, l’assesseur était absent à la clôture des votes. “C’est la police qui est allée le réquisitionner.”En fin de journée, un procès-verbal est dressé par le président et ses assesseurs. Il répertorie les incidents rencontrés dans la journée. “Tout n’est pas conflictuel. Par exemple, lorsqu’une enveloppe est glissée dans l’urne par erreur, les représentants des différentes parties peuvent se mettre d’accord pour retirer une enveloppe, au hasard.”
“Tant que je suis là, on utilise toujours les tableaux d’affichage manuel”
Le secrétaire de chaque bureau communique ses résultats à la mairie de Lille, où dix personnes les collectent par téléphone. Tout est validé seulement à partir de la réception par les employés dans la salle des résultats. Et tout est écrit sur papier avant d’être entré dans l’ordinateur. Car Ariane Capon n’estime pas encore venu le temps de l’informatique infaillible.“Tant que je suis là, on utilise toujours les tableaux d’affichage manuel. En plus de la projection informatique. Certains disent que je suis archaïque. En même temps, ça permet de laisser les résultats exposés entre les deux tours.” Reste que l’adjointe au maire ne figure pas sur la liste PS cette année, et devra donc laisser à d’autres le soin de s’occuper du bon déroulement des soirées électorales.
Joseph Bancaud
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Lille - Beaucoup de boulot... pour pas grand chose
Le coeur de Sébastien Huyghe, la rose du parti socialiste... On les voit tous les jours, placardés à chaque coin de rues. Les affiches des candidats aux élections municipales font partie du quotidien des Lillois. Ignorées - ou tout juste remarquées - par la plupart des passants, on se demande un peu à quoi elles servent. Pourtant, derrière ces affiches, il y a des militants et une pseudo "guerre du collage" entre partis politiques. (voir le diaporama)
Prenons François-Xavier par exemple. C'est le "super-colleur" de Martine Aubry. Au volant de sa voiture, il patrouille tous les jours du matin au soir dans les rues lilloises pour vérifier que les affiches à l'effigie de la candidate socialiste restent intactes. Les militants des sections de quartier l'appellent quand ils remarquent qu'une affiche a été dégradée. "S'il y a la moindre petite déchirure, le moindre graffiti, je recolle", assure François-Xavier. Il quadrille l'ensemble de la ville - presque - à lui tout seul. Parfois la nuit et souvent sous la pluie: la vie d'un militant-colleur d'affiches n'est pas de tout repos.
Dans le camp adverse, on confirme: "On colle souvent la nuit, et parfois on se retrouve face à des jeunes du quartier qui "gardent" les panneaux d'affichage et nous empêchent de coller nos affiches", explique Etienne, 23 ans, militant à l'UMP. Pas facile donc, d'être militant-colleur d'affiches. François-Xavier admet que "le collage n'attire pas vraiment les jeunes militants. C'est une tâche assez ingrate, mais nécessaire".
Nécessaire... à quel point ? Rapidement déchirées, r ecouvertes par d'autres et largement ignorées par les passants, les affiches sont plus là pour décorer que pour mobiliser. Etienne considère en effet qu'elles ne sont pas très efficaces: "Elles ne servent pas à grand chose, mais quand elles ne sont pas là, les électeurs de l'UMP se plaignent!"
Pour François-Xavier, les affiches ne sont pas inutiles. Elles visent moins à toucher les électeurs qu'à affirmer la présence d'un parti face aux adversaires: "C'est histoire de montrer qu'on est là. Quand on colle une affiche, ils en collent une, quand on en colle deux, ils en collent deux aussi. On surenchérit tout le temps, c'est un peu un rapport de force."

Mais dans cette guerre des affiches, François-Xavier a plus peur de la pluie, qui abîme les affiches et les fragilise, que des militants UMP: "Je n'ai jamais, mais vraiment jamais, vu un colleur de l'UMP!"
Interprétation de Soufyane, du parti socialiste: l'UMP aurait un temps fait appel à une société privée pour coller leurs affiches:
Une hypothèse qui soulève l'indignation d'Etienne (UMP) :
Autre menace, en-dehors de la pluie et des rumeurs: les jeunes. "C'est souvent près des écoles que les affiches sont abîmées. Il faut que je recolle parce que les enfants ont dessiné des moustaches à Martine Aubry."
Lucile Sourdès et Nathalie Gros (et Audrey Morellato)
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Lille - L'abstentionniste convaincu

C’est un grand gaillard, pas vraiment une dégaine d’anar. Pourtant, Julien, 22 ans, est syndiqué à la Confédération nationale du travail (CNT) depuis le début de l’année. Par principe, il ne vote pas. "Je ne participe pas à la politique juste le jour du vote. La politique c’est un mode de vie, au quotidien. Il faut se tenir au courant des textes de lois. Parfois je pense que je suis même plus au courant de ce qui se prépare que les gens qui vont voter", explique Julien, étudiant en master d'économie à Lille III.
"La politique, c’est pas que pour les experts", ajoute le jeune homme, issu d’une famille croyante et plutôt à droite, voire à l’extrême droite. "Je fais chier mon père avec ça, je le traite de facho, mais c’est vrai, ils sont fermés d’esprit mes parents. Ils ne comprennent pas pourquoi je ne fais pas comme tout le monde."
"Ma carte électorale prend la poussière."
Sportif, son rêve après un bac économique, c’était d’entrer dans l’armée pour devenir sous-officier. "Je voulais sauver le monde, aider les gens." Après quelques stages de préparation, il a déchanté. "Finalement, quand ils ont dit oui, j’ai dit non." Trop de hiérarchie, trop de discipline.
Depuis, il a découvert Marx, "super autoritaire quand même", et Proudhon, "déjà mieux", au fil de sa licence à Dunkerque. Et les idées anarchistes ont pris de plus en plus de place dans sa vie. "En deuxième année, on avait fondé une petite Fédération anarchiste à Dunkerque, puis j’ai décidé de venir à Lille parce qu’il y a la CNT."
Ce qui lui pose problème, c’est la représentativité. "Une fois que tu entends A voté, c’est comme si tu avais perdu tout pouvoir politique, c’est pour ça que ma carte électorale prend la poussière chez moi."
Les municipales à Lille, ça le fait "bien rire, avec le grand jeu des alliances". Pour lui, "c'est se moquer des électeurs". C'est sûr, Julien ne fera pas partie "du marché politique des électeurs-consommateurs", ceux qu'on cherche à séduire à coups de "programmes qui ressemblent à des publicités".
Hélaï Hosseini
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Lille - Enseignement privé : les vieilles querelles ressurgissent
Une polémique refait surface entre l’UMP et le PS. En cause : le financement des écoles privées que la droite juge inégal comparé à celui des écoles publiques.
A la sortie des écoles, la semaine dernière, un tract un peu spécial était distribué aux parents. Une lettre ouverte de Philippe Duez, colistier de Sébastien Huyghe (UMP), dénonçant l’inégalité de traitement entre écoliers du privé et du public.
"Ce qui est versé à un écolier du privé est inférieur de 300 euros", accuse le chef du Nouveau Centre, soit une perte de 35% par rapport aux "877 euros reversés aux établissements publics pour chaque élève". Selon lui, la mairie devrait la somme de 8, 6 millions d’euros pour la seule période 1998-2002. "A titre d’exemple, pour la plus petite école privée de Lille, Notre Dame d’Annay (157 élèves), le manque à gagner s’élève à 204 000 euros."
Autre son de cloche à la mairie: "Je vous confirme que chaque élève du privé a la même chose", nous a déclaré François Genu, directeur général adjoint délégué à l’éducation. Pour lui, le débat porte plutôt sur la méthode de calcul. "On ne refuse pas de donner le même forfait, on donne le même, mais (Philippe Duez) semble s’opposer au mode de calcul."
La loi prévoit que les établissements privés reçoivent un forfait d’externat pour chaque écolier. Ce forfait est calculé en fonction de ce que les écoles primaires publiques dépensent pour les élèves. "On aboutit à une somme qu’on divise par 3620 qui est le nombre d’élèves à Lille. On a le coût d’un élève du public", explique François Genu. Ce coût correspond au forfait d’externat qui sera versé aux écoles privées. Pour lui, la procédure est "bonne, scrupuleusement calculée et juste dans son principe".
Chaque camp reste sur sa position. Des actions judiciaires sont en cours.
Marine Pennetier et Pauline Froissart
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Lille - Le centre-gauche : un laboratoire national ?
Du rouge à l’orange, en passant par le vert et le rose. Martine Aubry a choisi de s’assurer le soutien du MoDem dans la perspective d’un troisième tour dans la métropole lilloise : l’élection du président de la communauté urbaine (LMCU). A-t-elle dans la tête de donner à son expérience une portée nationale?
"Elle hésite. Elle sait que la plupart des militants s’opposent au rapprochement avec le Centre, mais aussi que pour reformer le Parti Socialiste il faut passer par l’extérieur. Paradoxalement, elle fait ce que sa rivale Ségolène Royal a appuyé dès les présidentielles en 2007." Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille, définit Lille comme "un laboratoire" et ne cache pas que ce ralliement pourrait avoir des conséquences à long terme au niveau national.
Où va le MoDem ?
A Lille, mais aussi à Marseille et dans d’autres villes, le MoDem a le plus souvent fusionné avec la gauche. Dans le même temps, le parti de François Bayrou, a rejoint l’UMP à Toulouse et Colombes. Il a joué partout des alliances à la carte selon les villes. "Le MoDem ne peut pas tenir comme ça longtemps. Pour ne pas disparaître, explique Pierre Mathiot, ce parti devra forcément choisir un camp."
Nicolas Sarkozy est l’adversaire commun du PS et du MoDem. Le Nouveau Centre s’est avéré l’aile la plus à droite du vieil UDF. Deux scénarios pourraient donc s’envisager : une nouvelle explosion au centre, ou un ralliement définitif à gauche.
Et le PS ?
Le Parti Socialiste, parti assez conservateur dont deux tiers des militants sont des élus, est-il prêt à cette transformation "à l’italienne" ? Pierre Mathiot ne l’exclut pas : "Il est vrai que la France commence à suivre l’Europe et se tourne vers le centre. C’est aux grandes personnalités au sein du PS d’aménager les réformes nécessaires."
Martine Aubry, pourrait donc profiter de cette fusion avec le MoDem pour monter sur la scène des personnalités novatrices dont le PS a besoin. Quitte à se rapprocher de la stratégie de Ségolène Royal? Pourquoi pas, si l’intérêt national l’emporte sur les antipathies personnelles…
Nicola Accardo
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Lille – Coups de peinture pour essuyer les plâtres de la politique urbaine
De grands projets de rénovation urbaine sont en cours de réalisation à Lille, que ce soit à Fives, Moulins ou à Lille-Sud. Pourtant, l’avenir de ces projets dépend du résultat du second tour des élections municipales.
Alors que le programme de l’UMP présente de graves lacunes en matière de logement, le thème de la rénovation urbaine est un des thèmes favoris de Martine Aubry : "Le logement a toujours fait partie de nos priorités", affirme Marie-Christine Staniec-Wavrant, 19e adjointe de Martine Aubry et déléguée à l’Action sociale liée au logement. "Mais maintenant, c’est devenu notre préoccupation numéro un".
Un programme ambitieux
Lille possède beaucoup de logements sociaux : 30% de son parc immobilier entre dans cette catégorie. L’objectif pour le PS lors du prochain mandat est de construire 10 000 logements dont 3 000 logements sociaux. Un des principaux axes de cette politique sera de favoriser une mixité sociale.
Cependant, cette volonté de la mairie risque de ne pas suffire face à l’ampleur des besoins. "Il y a 50 000 demandes de logements par an", affirme Philippe Deltombe, président du Droit au logement (DAL) à Lille. "Nous sommes circonspect de la politique du renouvellement urbain de la ville. On déplace des populations pour détruire et reconstruire après".
Cette approche de l’urbanisme laisse en effet de nombreux acteurs du logement dubitatifs. "Le concept de ‘’Ville renouvelée’’ et la création de logements sociaux, c’est de la pommade", confie un expert du logement à la communauté urbaine de façon anonyme. "Au lieu de redynamiser un quartier défavorisé, on lance de grands projets, on démolit et on reloge des familles plus loin, afin de construire des immeubles plus beaux et de casser des réseaux de délinquance", explique-t-il. "Si tu habites tout au sud de Lille-Sud par exemple, tu ne peux rien atteindre facilement", ajoute-t-il. Or, rien ne semble être fait pour améliorer l’infrastructure de ces quartiers ou leur situation économique.
80 % de la population en droit de demander un logement social
Les demandeurs de logement sont dans un vrai "marasme". La moyenne d’attente pour obtenir un logement social est de cinq ans. Certaines personnes attendent plus de dix-huit ans pour voir le dossier aboutir.
Du côté du DAL, on tempère la grogne. La politique de rénovation urbaine "peut valoir le coup": "On doit reconnaître une certaine réussite à l’ambition de Martine Aubry de faire de la mixité sociale." Pour le président de l’antenne lilloise de l’association, l’inquiétude est autre. "Les loyers augmentent. Cela devient un vrai problème pour les populations les plus défavorisées qui touchent le SMIC ou le RMI car leur loyer constitue alors la majeure partie de leur revenu. De fait, les recours aux demandes d’expulsion accordées par le préfet ont augmenté de 311 % en 2007", affirme Philippe Deltombe. Pourtant, la loi impose que le parc immobilier de chaque ville soit constitué de 20 % de logements sociaux. Or, d’après un rapport d’Emmaüs sur le logement, selon les critères de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains relancée par Jean-Louis Borloo, 80 % de la population serait en droit de demander un logement social. Un problème national plus que municipal.
"L’Etat prend en charge la construction des logements et donne les autorisations pour la création de logements sociaux", s’excuse Marie-Christine Staniec-Wavrant au PS. "C’est vrai que la flambée des prix ne s’est pas calmée. C’est pour ça que nous essayons d’adapter l’offre de logements".
Adrian Buffel
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Lille - L’impasse de la Grand-Place
L’alliance PS-Verts a accouché d’un compromis sur la Grand-Place. Si Martine Aubry est élue, la place principale de Lille sera piétonne plus souvent le week-end et pendant les vacances. Piétons contre automobilistes, chacun défend son terrain.
Davantage de passants, de touristes et d’achats compulsifs. Selon une enquête du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques ( CLERSE) menée par Anthony Courtois, l’impact économique d’une piétonnisation de la Grand-Place serait sans aucun doute positif. Pour les Verts, une place piétonne ce serait surtout moins de pollution et moins de danger pour les passants.
Le bruit et l’odeur
Les premiers à l’attendre avec impatience, ce sont les restaurateurs de la place. “Evidemment, ce serait mieux sans les voitures !”, répond Sébastien Deperlecque, serveur au restaurant La Houblonnière. “Manger dans l’odeur et le bruit des pots d’échappement, ce n’est jamais agréable. Et pour nous, qui sommes en pleine sortie de virage, c’est parfois dangereux”, explique-t-il en montrant les traces d’un récent carambolage sur un pilier de l’auvent de sa terrasse. Un avis largement répandu parmi les passants… surtout ceux qui ne conduisent pas. “Ce serait tellement mieux si les enfants pouvaient gambader librement sur la place! Ce serait moins dangereux, plus vivant… Je ne supporte pas les pots d’échappement”, s’emporte Virginie, étudiante de 23 ans. La gêne pour les automobilistes? “Lille est déjà une ville pleine de bouchons, ça ne changerait pas grand-chose.”
Assez de rues piétonnes
Côté conducteurs, on apprécie évidemment de pouvoir traverser le centre par la place. C’est le cas de Marion: “Il y a déjà tellement de rues piétonnes… La route ici est utile, je serais très gênée si on l’enlevait.” "C’est nul !", clame Valérie Crépel, responsable de l’agence de voyage Cap 5. Selon elle, les week-ends piétons sont responsables d’une baisse de 10 à 15 % de sa clientèle. Ce constat n’est pas partagé par tous les autres commerçants de la place. Moins de visibilité ou plus de passage, difficile de savoir ce qui pourrait influer sur le chiffre d’affaires.
Route barrée
Piétonniser par intermittence, cela signifie organiser un barrage de la route et une déviation. L’été dernier, la Grand-Place a été piétonnisée pendant six week-ends. Le programme de Martine Aubry envisage pour l’avenir d’augmenter ce nombre, sans en préciser la fréquence.En pratique, il s’agit d’installer des petits poteaux amovibles aux entrées des rues Faidherbe et Nationale et de retirer les chaînes qui bordent la route sur la place. A la mairie, on ne souhaite pas évaluer le coût d’une telle opération. On saura seulement que cela mobilise deux agents municipaux pendant une heure le samedi matin et le dimanche soir. En matière de circulation, peu de conséquences, puisque les week-ends piétons ont lieu en périodes creuses. Ils resteront ponctuels. Pour voir aboutir leur projet, les écologistes devront encore attendre.
Mathilde Bellenger
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Lille - Opération séduction... sans réaction
Devant le lycée Faidherbe, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) distribuait des tracts jeudi après-midi. Sur les prospectus, un appel à voter Martine Aubry dimanche prochain. Et chez les militants un message à faire passer : sensibiliser les jeunes au problème de l’abstention.
"On est là pour mobiliser la jeunesse lilloise car elle représente l’avenir." Grégory est fonctionnaire territorial à la mairie de Tourcoing. Chez lui, tout est déjà joué. Alors ce jeune militant est venu prêter main forte à ses camarades lillois. En tout, c’est une dizaine de jeunes socialistes qui attend la sortie des cours devant le portail.
Les élèves arrivent enfin. La distribution des tracts peut commencer. Mais les jeunes semblent plus attirés par les caméras présentes pour l’occasion. Quelques tracts finissent rapidement par terre ou sont jetés en boule dans l'assistance. "On n'est pas majeurs!", s'exclament certains élèves. "Allez voter dimanche et si vous ne pouvez pas voter, donnez le à quelqu'un qui vote !", répond un militant à la volée.
Environ 15 000 tracts ont été imprimés pour être distribués devant le lycée Faidherbe, l'université de Lille II ou le lycée Baggio. Le but ? "Toucher des élèves post-bac, répond Grégory. Et on espère que ceux qui ne peuvent pas voter feront le relais chez eux auprès de leur famille." Le tract appelle à envoyer "un carton jaune à Sarkozy". Le message dépasse donc le cadre de la politique locale. Pour Grégory, la situation est simple : "On ne pourra combattre la politique de Sarkozy et du gouvernement qu'en mettant des claques électorales à la droite. Il faut envoyer un message d'alerte et appeler les jeunes lillois à lutter contre l'abstention. En s'abstenant, on fait le jeu de la droite."
Toutefois, le public visé semble encore un peu tendre. Clara, Nora et Sonia, toutes trois en âge de voter, ont été surprises par ce déploiement de militants juste devant leur lycée. "On n'est pas contre le militantisme, affirme Clara, mais de là à se sentir agressé à la sortie des cours... Ça n'incite pas à s'ouvrir à la politique." Le succès n'était donc pas au rendez-vous pour les militants socialistes. Très rapidement, ils avaient quitté les lieux, direction Lille II. Sans doute en quête d'un public plus réceptif.
Alexis Hache
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jeudi 13 mars 2008
Lille - La mort du petit kiosque
À deux pas des militants UMP et PS qui se chamaillent, un homme s’apprête à tourner la page. Dimanche, ce sera le dernier marché d’Adelin Versluys, le kiosquier de Wazemmes.
La proximité du QG de Martine Aubry, situé juste en face, n’a pas changé la donne. "Ça a augmenté un peu les ventes, et les militants sont sympas, on prend le café ensemble de temps en temps mais Martine avait promis de venir me voir et elle n’est jamais venue". Aucune aide puisqu’Adelin Versluys est travailleur indépendant, des factures qui s’accumulent, des ennuis de santé, "j’ai 19 de tension, je suis super stressé, ça me fout le moral en l’air"… et un bénéfice bien faible : "450 euros gagnés en six mois en étant présent de 6h30 à 19h".
Le kiosque d’Adelin Versluys fermera dimanche. Ce retraité arrondissait ses fins de mois et trompait l’ennui grâce à ce petit boulot.
Les clients réguliers font part de leur tristesse : "c’était nécessaire à la vie du quartier, on devrait subventionner les kiosques". Ou encore : "alors comme ça, on ne va plus vous voir… "
Pour Habib, le kiosque était l’endroit où "on discutait de choses et d’autres, c'est le seul endroit où je trouvais facilement mon But Marseille ". Adelin lui répond en souriant, "il fait pas le fier le Marseillais aujourd’hui". Une phrase, un surnom pour chaque client, une ambiance chaleureuse qui n’existera plus. Et Wazemmes ? "Je reviendrai de temps en temps, on se reverra" promet-il à une cliente. Et la retraite ? "Ce n’est pas encore pour tout de suite sinon je vais devenir fou".
Jeudi midi, un rayon de soleil, Martine Aubry s’arrête devant le kiosque, écoute les doléances d'Adelin et… laisse son numéro de téléphone. Est-ce un signe d’espoir?
Élodie Forêt
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Lille - Martine Aubry : "Allez voter!"
A trois jours du second tour des élections municipales, la candidate socialiste se bat contre l'abstention, rappelant que chaque Lillois en âge d'aller voter est un citoyen.
"Ne laissez personne faire le choix à votre place" ou de l'intérêt de se rendre aux urnes dimanche selon Martine Aubry.
Martine Aubry a une crainte : une hausse de l'abstention au second tour.
Pour mobiliser les Lillois, la candidate socialiste a fait le choix d'aller à leur rencontre.
Lucile Sourdès
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