dimanche 16 mars 2008

Lille - S.Huyghe: "En politique, il faut savoir perdre"

Soir de faite au QG de Sébastien Huyghe, largement battu par Martine Aubry (66% contre 34%). Les militants esquissent un premier bilan. Et le candidat de l’UMP se projette déjà vers l’avenir.


Une pincée de journalistes, une poignée de militants. Quelques minutes avant l’ouverture du QG de campagne de Sébastien Huyghe, la foule est clairsemée. Et personne ne se fait d’illu
sions. Jérôme Garcia, candidat malheureux de l’UMP à la mairie de Mons-en-Baroeul, est de passage pour apporter son soutien à Sébastien Huyghe. Il souhaite une remise à plat au sein de son parti après les élections, appelant de ses vœux que "la droite se trouve un vrai leader dans le Nord car il y a eu trop de cacophonie".
Dans le local, les discussions sont vives. Très vite, on cherche des boucs émissaires: les médias sont accusés d’avoir malmené le candidat UMP. "Il n’y a pas eu un article sans que Sébastien soit démonté", s’emporte Daniel Vilain, 21ème sur la liste.
Les Lillois ne sont pas non plus épargnés. Le taux d’abstention ne passe pas. "On devrait rendre le vote obligatoire", pestent des militants. Deux explications sont avancées pour expliquer cette désertion: le manque de notoriété de Sébastien Huyghe et le sentiment que le résultat était couru d’avance. "Cette ville est socialiste depuis longtemps, les gens ont peur du changement", avance une militante.
Plus étonnant, certains co-listiers sont également pointés du doigt. On leur reproche leur manque d’implication. Le docteur Rosenblat, 27ème sur la liste, s’insurge: "je travaille dix heures par jour, le reste de mon temps était consacré à la campagne".

La prochaine fois peut-être?
Mais le silence se fait quand les premiers résultats commencent à tomber. Les yeux rivés sur l’écran de télévision, les réactions sont nombreuses. Mais silencieuses. Bayrou au coude à coude avec la candidate socialiste ? Regards incrédules. Xavier Darcos battu ? Hochements de tête résignés. Le tour de France des résultats est vite interrompu par l’arrivée de Sébastien Huyghe. Il serre des mains avant de monter sur une table. Le candidat UMP est longuement applaudi: "Ca me fait chaud au cœur de retrouver tous mes amis […] En politique il faut savoir perdre. C’est ce qui prépare les victoires". Car Sébastien Huyghe ne compte pas en rester là. Il entend jouer son rôle dans l’opposition municipale (l’UMP comptera 10 sièges) et dans les conseils de quartier: "On veut être un grain de sable dans une machine trop bien huilée". Le temps, c’est ce qui aura manqué à Sébastien Huyghe pour venir contester la victoire annoncée de Martine Aubry. Investi en novembre, il n’aura bénéficié que de cinq mois pour mener campagne. Sébastien Huyghe se projette donc déjà dans l’avenir. Et Brigitte Mauroy sera encore à ses côtés. Lorsqu’elle le rejoint sur la table, les applaudissements sont nourris, encore une fois. "Avec Brigitte, on en a arpenté des trottoirs. En tout bien tout honneur bien sûr". Éclats de rire dans la salle. Puis de nouveau un tonnerre d’applaudissements lorsque la "nièce de" déclare que "le vrai héritier de Pierre Mauroy, c’est Sébastien". Un ton emphatique qui souligne le paradoxe de la soirée: la défaite du candidat de l’UMP se veut pleine d’espoir. Car tout commence pour Sébastien Huyghe.

Maxime Goldbaum

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