dimanche 16 mars 2008

Vandie ancre à gauche

René Vandierendonck a été réélu dimanche soir maire de Roubaix. Avec plus de 55% des voix, il devançe son rival UMP Max-André Pick et le leader des verts Slimane Tir. Retour sur le parcours politique de celui qui a valsé avec les étiquettes politiques.



“ Quand j’étais petite, je me souviens avoir croisé André Diligent, (maire de Roubaix de 1983 à 1994 ndrl), et de lui avoir dit qu’il était méchant parce qu’il était de droite. Il m’avait alors répondu : « Quand on est petit, on est de gauche et gentil, quand on grandit, on est de droite et méchant. » René Vandierendonck, c’est l’inverse."


Manaele Derrar est l’assistante de campagne du maire sortant de Roubaix depuis deux mois. Mais son admiration pour le maire remonte à plusieurs années. “ J’étais alors membre du conseil municipal pour enfants. Quand il entrait, tout le monde était impressionné, il était abordable et à l’écoute.” Des qualités qu’elle lui reconnaît toujours aujourd’hui : “ Il nous appelle par nos prénoms, il est volontaire, empathique, généreux… ”

La jeune étudiante de 22 ans admet cependant avoir été sceptique au départ : “ Je lui ai demandé comment il pouvait être un jour de droite, un jour de gauche. Il m’a répondu qu’il avait toujours été un mec de gauche contrarié.” Mec de gauche contrarié ? Avec son parcours, René Vandierendonck se classerait presque naturellement dans la lignée du Modem de François Bayrou.“ Absolument pas ”, s’empresse de rectifier André Renard.“ Vandierendonck est socialiste, il ne rejette pas les partis, il compose avec.” Le directeur de campagne du maire de Roubaix sait de quoi il parle : il a connu le Vandierendonck UDF-RPR, puis le Vandierendonck divers gauche et enfin le Vandierendonck socialiste.

“ Salaud de droite ”


En 1989, André Renard est dans l’opposition. “ Vandie” est lui premier adjoint au maire de centre-droit André Diligent. “ Un salaud de droite”, s’amuse aujourd’hui son directeur de campagne. Malgré un respect mutuel – “ Nous étions tous deux grands humanistes ”
–, des points d’achoppement existent entre les deux hommes. André Renard se souvient notamment de la vente des locaux de Nord Eclair, rue du Caire. La ville propose “ une garantie de 10 millions de francs ” à l’entreprise en difficulté. Impensable pour le socialiste, opposé à l’idée d’aider “ un journal pour avoir son soutien ”. Ce désaccord n’empêche pas les deux hommes de se rapprocher. En 1995, au détour d’un couloir de l‘hôtel de ville, Vandierendonck offre à un André Renard exclu du PS un tiers de sa liste RPR UDF “ mon parti c’est Roubaix ”.

Une ouverture à gauche qui ne surprend pas l’homme de gauche. Un an auparavant, René Vandierencdonck s’était dit prêt à devenir second sur la liste de Martine Aubry si cette dernière se présentait aux municipales de Roubaix. Accord municipal, désaccord national : la liste Vandierendonck-Renard sort victorieuse des urnes en 1995. Mais si le maire soutient Edouard Balladur, son colistier supporte Lionel Jospin aux présidentielles.

Vandierendonck libéré


En 1997, la droite fait une “ erreur ”. L’UDF “ libère ” Vandierendonck, sanctionné pour avoir soutenu le candidat Vert aux élections législatives contre le député RPR sortant. Sa rencontre dans les mois qui suivent avec Pierre Mauroy est décisive : c’est le début de trois ans d’apprivoisement pour Vandierendonck : “ Je suis fier d’être un maire socialiste à Roubaix. Depuis 2001 (…) Mauroy m’[a] soutenu et aidé ”, confiait-il à La Voix du Nord en décembre dernier. Le maire sortant a ainsi mis en place 530 contrats aidés accompagnés de formation pour les jeunes des quartiers et la maison de l’initiative et de l’emploi dans un programme ancré à gauche.
En 2001, ce dernier est élu maire de Roubaix sous l’étiquette divers gauche. Entre les deux tours, il fusionne avec le parti des Verts (qui avait rassemblé 10,4% des suffrages) pour s’assurer la victoire. Une alliance que René Vandierendonck regrettera les six prochaines années de son mandat. André Renard se souvient du mardi suivant le premier tour : “L’ambiance était difficile le jour de la fusion de listes. Rahim Tounès (proche de Slimane Tir, parti des Verts) est entrée dans le local en criant : c’est ici qu’on pactise avec le diable ? Le ton était donné.” Le problème “plus relationnel que politique” n’a pas empêché René Vandierendonck de maintenir le cap sur son programme. Un épisode “traumatisant” pour le rassembleur Vandierendonck. Entre les deux tours des municipales 2008, celui qui porte aujourd’hui les couleurs du PS s’est dit prêt “à perdre les municipales plutôt que de gagner avec les Verts”. Un coup de poker gagnant au vu des résultats de ce soir.

Marine Pennetier et Elodie Forêt

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