dimanche 16 mars 2008

Tourcoing - la véritable élection du maire


Sans surprise, Michel-François Delannoy a été élu hier maire de Tourcoing par son conseil municipal. Certes, on pouvait s’y attendre dès dimanche dernier. Mais jusqu’à ce vote l’ancien premier maire-adjoint n’était encore que le chef de file de la liste gagnante, qui a obtenu 41 sièges sur 53. (diaporama ci-dessous)


Michel-François Delannoy est devenu officiellement le premier magistrat de la ville,
lors de la réunion extraordinaire du conseil municipal samedi. Avec 43 voix contre 10 pour Gérald Darmanin, le benjamin du conseil symboliquement choisi par l’opposition UMP. Le nouveau maire a ainsi récupéré les voix des deux conseillers MoDem tandis que les deux conseillers FN choisissaient le candidat de droite.

La grande affaire hier à Tourcoing, c’était donc le ralliement du MoDem à la majorité. Avec deux conseillers au lieu de cinq, il ne pouvait déjà plus former un groupe indépendant. En guise de dot, un poste de maire-adjoint aux affaires économiques avait bien été évoqué pour son chef de file. Mais Michel Van Tichelen devra finalement se contenter d’être maire-adjoint de quartier et d’une vague « délégation thématique à l’économie ». Rien qui n’entame officiellement l’enthousiasme de la mariée: “Jusqu’à présent, j’ai toujours été dans une opposition constructive. Nos différences avec M. Delannoy sur la politique locale ne sont pas si énormes, nous avons les mêmes priorités: l’emploi, le logement, l’éducation. Je pense
qu’au niveau local les étiquettes ne comptent plus, c’est d’abord les hommes.” Cet attelage a suscité quelques huées dans la salle, l’ironie de l’opposition, le silence des écologistes et la méfiance des communistes. “Je ne changerai pas mon manteau rouge contre un manteau orange”, a mis en garde Dominique De Clercq, chef du groupe PC.

Ambiance joyeuse, protocole inhabituel
Près de 600 perso
nnes ont assisté à ces deux heures et demi d’installation du nouveau conseil, parmi lesquelles quelques soutiens politiques obligés le maire sortant Jean-Pierre Balduyck, Martine Aubry et René Vandierendonck, probable réélu à la mairie de Roubaix, pour la gauche; le député de Tourcoing sud, Bernard Gérard et la candidate aux cantonales, Brigitte Lherbier, pour la droite. Un absent remarqué: Christian Vanneste, démissionnaire après sa défaite et qui a décidé de se consacrer à son mandat de député.

Une large estrade avait été montée dans le grand hall de la mairie, transformé en salle du conseil. A l’étage, une retransmission sur grand écran dans la salle des fêtes réunissait les familles et les poussettes n’ayant pas trouvé place dans la cohue. La présence de la fanfare de la ville complétait ces allures de fête républicaine, jouant, à la proclamation des résultats, une Marseillaise tonitruante devant une salle debout et un Michel-François Delannoy rouge d’émotion. Une ambiance joyeuse et surprenante entourait tout ce protocole inhabituel: d’un côté des nouveaux élus intimidés qui ne savent où s’asseoir, à quel moment se
lever, dans quelle direction aller; de l’autre, un public qui applaudit à tout rompre dès que possible, mais souvent à contre-temps, qui se retient d’huer comme l’exige les coutumes républicaines, mais qui finit par se lâcher devant les provocations du discours de l’UMP Gérald Darmanin. “Va te rhabiller“, lançe ainsi Béatrice, participante enthousiaste de l’assistance qui quelques minutes plus tôt faisait chanter a cappela le Ptit Quinquin à toute la salle pendant le dépouillement de l’élection des maires-adjoints.

À partir du moment moins exotique des discours, le hall commençait déjà à se vider. Ceux qui ne le quittaient que pour rejoindre en avance le fastueux buffet à l’étage auront entendu celui du maire. Entre les déclarations d’amour à la ville et l’exposition de son programme, il n’était pas difficile d’identifier les rajouts de dernières minutes à la version écrite : des réponses fermes, point par point, aux attaques du discours de l’opposition. “J’ai réussi à les énerver”, s’est d’ailleurs félicité Gérald Darmanin, alors que Didier Droart, leader de l’opposition, est restée extrêmement discrète. Sûr que l’ambiance va être chaude pour les six ans à venir.

Benjamin Legendre

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