vendredi 7 mars 2008

Roubaix - La parité, et après?


De l'UMP au Parti socialiste en passant par les Verts et le
Front national
, les hommes occupent invariablement la première place sur les listes pour les élections municipales à Roubaix. Les femmes jouent les seconds couteaux.



Un homme, une femme, mais dans quel ordre? Depuis la loi du 6 juin 2000 obligeant les partis politiques à présenter un nombre égal de candidats des deux sexes, menace de sanctions financières à l'appui, plus moyen de déroger à la règle de la parité. A Roubaix, toutes les têtes de listes sont des hommes. Impressions des dames qui suivent.

Christiane Becquart est entrée en politique il y a 15 ans. Aujourd'hui, à presque 60 ans, elle est en deuxième place sur la liste UMP conduite par Max-André Pick, Changeons Roubaix. "Au début, il y a 15 ans, j'étais la seule femme aux réunions, il faut savoir se faire entendre et prendre sa place. " Avec dix ans de moins, elle aurait peut être brigué la première place, "beaucoup de gens m'avaient demandé d'être tête de liste, mais j'ai toute confiance en Max-André Pick", confie la numéro deux.

"Remplir des cases pour faire la parité, ça ne vaut pas le coup"

Christiane Becquart milite pour que les femmes entrent en politique. Un monde qu'elle trouve "fermé, machiste, un milieu où les hommes sont implantés de très longue date et dans lequel il est difficile de faire sa place". Même si elle assure n'avoir jamais rencontré de réels problèmes avec les hommes au cours de son expérience politique et insiste sur le respect et l'écoute dont fait preuve Max-André Pick à son égard.

La parité imposée, Christiane Becquart, n'en veut pas. "Autant que ce soit des gens qui ont envie d'entrer en politique, remplir des cases pour faire la parité ça ne vaut pas le coup, et puis c'est pas bon pour notre image personnelle", explique la vice-présidente de l'association Défense des habitants à Roubaix.

Une question de légitimité


Pour Fanny Bullaert, en deuxième position sur la liste socialiste du maire sortant René Vandierendonck, "ce qui prime quand on est engagé dans un parcours politique, c'est ce qu'on a dans la tête: compétence, expertise et savoir-faire, capacité à assumer un mandat passionnant, mais lourd". Des qualités qu'elle reconnaît autant à René Vandierendonck à Roubaix qu'à Martine Aubry à Lille. Même si elle reconnaît que "voir de plus en plus de femmes en tête de liste, ce n'est pas déplaisant".

La numéro deux à Roubaix, au PS depuis plus de dix ans, défend la parité. "Ce n'est pas satisfaisant de devoir imposer du 50-50, mais c'est un temps nécessaire. Il ne s'agit pas de courir après des femmes pour les coller sur une liste, aujourd'hui le vivier existe, elles sont là, dans le monde associatif, engagées dans des actions citoyennes."


"Même si elles ont des atouts, le système ne les pousse pas forcément"


Mais Fanny Bullaert, qui n'a pas d'enfants, souligne que malgré l'évolution de la société et de la répartition des rôles entre hommes et femmes, certaines choses demeurent. Comme l'idée de la place que doit occuper une mère au sein de la famille. "Dans tout engagement, c'est difficile d'avoir des enfants à charge. Il y en a qui réussissent à s'organiser même si le système n'est pas toujours là pour les aider, mais après il y a une certaine culpabilité."

Fanny Bullaert, la secrétaire à la Fédération du Nord du Parti socialiste chargée de la parité et du droit des femmes voudrait aller plus loin. "La parité c'est un fait, une règle, mais il faut qu'elle se décline dans les responsabilités assumées ensuite, parce que là où la parité n'est pas imposée par la loi, elle ne va pas de soi."

Hélaï Hosseini

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