mardi 4 mars 2008

Roubaix - "Certains jeunes pensent que c’est le président de la République qui nomme le maire"

La lutte contre l’abstention est l’une des missions prioritaires du Conseil jeunes de Roubaix. Un enjeu crucial dans une ville où plus de 40% de la population est âgée de moins de 25 ans et où le taux d’abstention a parfois dépassé les 70% dans certains quartiers. Rencontre avec Nour-Eddine Karad, coordinateur du Conseil jeunes.


Comment fonctionne le Conseil jeunes?
Le Conseil jeunes a été crée en 1996, il fonctionne comme une sorte de mini-conseil municipal. C’est un organe de concertation et de consultation où siègent 40 jeunes de 15 à 25 ans issus des différents quartiers de la ville. Nous sommes une structure adossée à la mairie mais nous insistons bien sur le fait d’être un conseil apolitique et indépendant.

Comment sont nommés ses membres ?
Un comité de pilotage se réunit et choisit les candidats selon leur quartier d’origine, leur sexe, leur catégorie socioprofessionnelle et les projets qu’ils souhaitent mener pour la ville.

A quoi sert ce Conseil?
Nous organisons des rencontres autour de la lutte contre la discrimination, nous invitons des entrepreneurs locaux à partager leur expérience, certains jeunes sont allés en Algérie pour rénover un orphelinat. Ce sont très des projets très variés dont le fil conducteur est la pratique de la citoyenneté.

Et dans le cadre de la lutte contre l’abstention?
Dès les élections cantonales de 2004, nous avons lancé des opérations de sensibilisation. Par exemple, nous avions mis en place l’opération "vote hip-hop": un concert de hip-hop dont l’entrée était gratuite pour les jeunes ayant leur carte électorale tamponnée.

Quelles actions comptez-vous mener dans la perspective des municipales?
Nous effectuons tout un travail d’information en amont des élections. Par exemple, pour ces municipales, nous avons rencontré les lycéens et les étudiants. Nous leur avons expliqué le rôle du maire, le fonctionnement d’un conseil municipal. Nous avons par ailleurs lancé une campagne d’affichage dans la ville pour inciter les jeunes à venir voter.

Pourquoi aussi peu de jeunes viennent-ils voter?
Il y a une certaine forme d’ignorance des institutions. Certains jeunes pensent que c’est le président de la République qui nomme le maire! Certains ne veulent pas se déplacer car ils ont d’autres activités prévues le week-end. D’autres enfin pensent que voter est inutile. A nous de les convaincre.

Le Conseil jeunes a-t-il fait naître une vocation politique chez certains de ses membres?
Oui. Trois anciens membres du Conseil sont aujourd’hui présents sur les listes des différents candidats aux prochaines municipales.

Comment voyez-vous l’avenir du Conseil jeunes?
Nous commençons à être reconnus et écoutés. Grâce à nous, de plus en plus de jeunes s’intéressent à la politique. Nous souhaiterions cependant être d’avantage consultés sur les différents projets de la ville.

Propos recueillis par Olivier Cougard

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