jeudi 6 mars 2008

Lille - "Martine Aubry s'est 'ch'timisée' "

Jacques Mutez est 14° sur la liste de Martine Aubry. Conseiller municipal délégué au commerce, il joue son troisième mandat. Il nous parle du Parti radical de gauche, dont il est président pour le Nord, de son expérience municipale et bien sûr, de Martine Aubry.


Pour les municipales, vous faites liste commune avec le parti socialiste. On a peu entendu la voix du Parti radical de gauche dans cette campagne. Rien ne vous sépare du PS ?
Nous avons des valeurs communes avec le parti socialiste, mais nous avons des différences assez notoires sur la partie économique. Nous, nous sommes pour le non-interventionisme de l’Etat. Nous n’avons pas une vision collective de l’économie. Pour nous, l’économie doit être libre mais régulée.
Sur la laïcité, notre approche est très différente. On est beaucoup plus “laïcard“ que le sont les socialistes. On a été hautement scandalisé par les discours de Latran et de Riyad prononcés par Nicolas Sarkozy. Pour nous, il y a une frontière absolue entre spirituel et temporel. Sur ce point, les socialistes sont des gens beaucoup plus pragmatiques que nous. Troisième point de divergence: nous sommes fondamentalement européens, alors que pour les socialistes, l’Europe c’est de l’eau tiède. Nous, les radicaux de gauche, nous étions pour la constitution européenne.

Avez-vous eu des clashs avec d’autres membres du conseil municipal?
J’ai eu maille à partir avec Martine Aubry quand elle a mis en place les piscines pour femmes voilées (ndlr : il s’agissait en fait d’horaires réservés aux femmes dans les piscines). Je me suis exprimé de façon sévère dans la presse. L’idée de départ était généreuse mais on s’opposait à un principe fondamental de la république.
J’ai aussi osé dire ce que tout le monde pensait tout bas, c’est-à-dire la politique d’agression des Verts vis-à-vis de la voiture en ville. D’ailleurs on voit que Martine Aubry a une politique plus modulée aujourd’hui, alors qu’elle était plus “verte“ au départ.

Quelles sont vos relations avec Martine Aubry?

Avec Martine Aubry, on vit une idylle très forte (rires). Disons qu’on a appris à se connaître, à tempérer nos ardeurs. On a eu des oppositions frontales mais ça n’a pas laissé de traces. Martine Aubry est une femme intelligente, qui comprend la contradiction, contrairement à ce qu’on entend à côté. Elle a beaucoup évolué en termes de caractère. Elle est moins tranchante qu’elle ne l’était, plus ronde, plus cordiale. Je crois qu’elle s’est “ch’timisée“.

Aujourd’hui, un autre parti du centre a émergé, le MoDem. Imaginez vous dans le futur faire liste commune avec le MoDem plutôt qu’avec le PS?
Tout dépendra de l’intelligence de la gauche. Si le Parti socialiste n’est pas capable de comprendre nos aspirations et évolue vers des tendances hégémoniques, beaucoup seront tentés d’un rapprochement avec le centre. S’il comprend qu’on est très important pour porter la tendance centre qui lui manque et qu’il nous laisse des marges de liberté, pas de problème.


Quel regard portez vous sur la campagne municipale?

Au départ je pensais qu’elle serait plus pugnace, plus difficile. En fait, comme l’a dit la presse quotidienne régionale, Sébastien Huyghe “surfe sur le vague“. Il est atone.
Avec le ralliement de Brigitte Mauroy, il a réussi un coup politique qui est méprisable.

Comment avez vous vécu cet épisode?
Brigitte Mauroy je la connais bien, elle a été ma suppléante lors d’une élection. Elle n’a pas de sens politique. Elle s’est dit je n’aime pas Martine Aubry, je ne me mets pas avec Martine Aubry. C’est nul. Elle a d’ailleurs été exclue du Parti radical. Je trouve regrettable son attitude mais il n’y a pas de blessure politique qui ne se referme pas. J’espère qu’un jour on redeviendra amis.

Propos recueillis par Pauline Froissart

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