mercredi 5 mars 2008

Lille - Tract toujours, tu m’intéresses !

UMP à l’extérieur. PS à l’intérieur. Ce matin, sur le marché de Wazemmes, seuls les militants de droite ont bravé les intempéries. Et les sondages.

A trois mètres de la porte d’entrée du QG de Martine AubryHervé Marie Morelle, casquette bleue floquée Sébastien Huyghe sur la tête, distribue des tracts. Une face avec les photos des colistiers et un verso avec une carte de la ville. Coup de téléphone. Il répond: "Oui, je suis bien au marché de Wazemmes, je suis juste devant chez les socialistes."

Rue Gambetta, au siège de campagne du maire sortant, les militants s’activent. Branchés sur iTélé, et bien au chaud, ils mettent sous pli 100 000 lettres d’appel au vote prévues pour le premier tour. "Une élection n'est jamais gagnée, dit Fabrice Bin, on n'a jamais dépassé 60% dans le scrutin." Mais à Lille, où les maires socialistes se succèdent depuis plus de 50 ans, le PS prend le luxe de rester au siège: une aubaine pour l’UMP.



"Oh, mon Dieu, c’est la police ?"


"Dimanche, devant les caméras, ils étaient tous là, Martine Aubry au bureau et les militants parmi la foule. Mais aujourd’hui, sans caméra, il n’y a plus personne. Nous si on ne se bat pas, on est morts", explique Etienne Diot, militant UMP. Le 29e de la liste de Sébastien Huyghe se protège de la pluie sous un drapeau à l’effigie de son candidat. "Tracter" sur le marché depuis le mois de septembre, il s’insurge de "l’amateurisme" de la partie adverse : "On a eu l’idée de la voiture à l’effigie de Sébastien, ils nous ont copié avec une vieille camionnette sur laquelle ils ont scotchés un poster du MJS. Ils font vraiment pitié(…) mais ici, la réaction des gens est bonne, ils sont plutôt favorables à notre présence. Et puis, j’ai tracté pour Sarko : quand on a tracté pour Sarko, on peut le faire pour tout le monde."

De l'autre côté de la place de la Nouvelle Aventure, le militant Deswarte déplore la faible conscience politique des citoyens. "Parmi 100 personnes, 20 s'intéressent à la politique, 30 se sentent concernés, et 50 se contentent juste d'avoir des infos de la télé!" Selon lui, les gens qui s'intéressent ponctuellement aux événements sont très influencés par les médias, "on voit les problèmes superficiellement, et pour la politique, il vaut mieux faire de la poudre!", regrette-il. Il tracte, non seulement pour son camp, mais aussi pour sensibiliser les électeurs. Pour eux, les tracts ne changent rien. "Je le prends mais je sais déjà pour qui je vais voter", avoue une jeune femme devant l’étal de fruits d’un commerçant, qui devant la marée UMP réagit d’un "Elle doit faire la tête Martine!"

Un militant profite du trafic pour distribuer ses tracts aux conducteurs bloqués par les camions des commerçants. A l’intérieur de sa BMW, une femme, en voyant le flyer bleu et blanc, s’écrie : "Oh mon Dieu, c’est la police ?" "Non, ce sont les municipales, le maire", répond le jeune devant l’air étonné de la conductrice. Les élections ne sont visiblement pas dans toutes les têtes.

Julie Rosselin et Lin Yuan

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