jeudi 6 mars 2008

Hénin-Beaumont - La mairie à portée de tir pour le FN

La dernière réunion publique du Front national avant le premier tour s’est tenue le 5 mars à Hénin-Beaumont. Pour l’occasion, les candidats ont sorti l’artillerie lourde. A l’approche du scrutin, la cible à abattre est le maire sortant Gérard Dalongeville.




"Hénin-Beaumont, 2008: 85% d’augmentation de la fiscalité locale, un déficit de douze millions d’euros en deux ans, un taux de chômage de 20%..." La voix-off de Marine Le Pen résonne dans salle. Projeté sur grand écran, le DVD du clip de campagne du Front national n’a rien à envier à une bande-annonce d’une superproduction hollywoodienne. Dans un sens de la mise en scène décidément bien maîtrisée, à la fin de la projection les lumières se rallument. Elles laissent apparaître le ticket Briois-Le Pen, traversant la salle sous les acclamations de près de deux cents militants et sympathisants.

30 000 euros investis
À Hénin-Beaumont, le Front national n’a pas hésité à sortir les grands moyens. Un tiers des quelques 30 000 euros du budget de campagne englouti pour la production du clip et la diffusion de 11 000 DVD… Rien ne semble trop beau pour partir à la conquête de ce qui pourrait être la seule mairie conquise par le parti de Jean-Marie Le Pen aux élections municipales.

C’est dans cette ambiance enthousiaste que sa fille prend la parole. Sur cette "terre de gauche", elle cherche d’abord à séduire les déçus de la "gauche bobo", "cette gauche en qui je le sais, beaucoup d’entre vous ont cru". Le symbole de cette déception selon elle, c’est Gérard Dalongeville qui l’incarne à Hénin-Beaumont.

Sur l’air du "sortez les sortants!" et bien qu’elle feigne de le reconnaître, Marine Le Pen prend en réalité acte de l’avance du ticket socialiste Dalongeville-Lienemann. Dans un dernier sondage publié par La Voix du Nord, le maire sortant était en effet donné largement devant ses challengers, devenant ainsi l’homme à abattre. Dans ce contexte, tout est permis, même les comparaisons douteuses. Gérard Dalongeville devient alors Noël Forgeard, l’ex-coprésident d’EADS, tous deux parangons de l’immoralité d’un même système à combattre. "Car s’il y en a un qui symbolise tout ce que ne doit pas être un homme politique, c’est bien le maire sortant qui je l’espère, le 16 mars, sera le maire sorti" ajoute-t-elle, déclenchant les applaudissements du public.


Jonglant avec le national et le local, elle fourre dans un même sac "le grand capital", l’UMP, le parti socialiste, et le mariage de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni, "symbole de l’union de la gauche bobo à la droite bling-bling". Dans une répartition des tâches savamment orchestrée (voir notre reportage) elle assène les premiers coups de boutoir, avant de laisser la place à la tête de liste Steeve Briois.



Steeve: l'enfant du pays
Moins à l’aise à la tribune que sa colistière, il se cantonne à son pré carré. Il faut dire que l’enfant du pays, ce "petit-fils de mineur" comme il aime à le rappeler, connaît sa ville sous le bout des doigts. Rue par rue, il critique l’action de Gérard Dalongeville et fustige ses méthodes "mafieuses", avec en point d’orgue une critique centrale : le surendettement de la ville. Pour justifier le non remplacement des employés municipaux qui prendront leur retraite, il explique: "Je dois vous dire la vérité, si nous continuons sur cette ligne, dans six mois cette ville sera mise sous tutelle." Oubliée la "préférence nationale" et autres propositions traditionnelles du Front national. Steeve Briois prône plutôt la création d’un "pôle aide entreprendre" pour favoriser la création d’une pépinière d’entreprises ou la construction d’un grand parking au centre ville. Il veut également miser sur une culture populaire, allant des "thés dansant" au "théâtre avec du Molière".


Galvanisé par son discours, Steeve Briois appelle en conclusion son principal opposant au débat qui attendra le 11 mars les qualifiés du second tour. "Qu’il s’y prépare!" lance-t-il en guise d’avertissement à Gérard Dalongeville. Avant cela, c’est d’abord l’épreuve du 9 mars que le tandem frontiste devra passer. Preuve de leur optimisme, les candidats délaisseront au soir du premier tour leur local de campagne trop petit pour accueillir les foules espérées, pour lui préférer le Cap Hôtel de Noyelles-Godault. Dans le viseur des candidats du FN, la mairie d’Hénin-Beaumont n’a jamais semblé aussi proche.

Paul Sanfourche

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