mercredi 5 mars 2008

Tourcoing - Je colle, tu colles, ils décollent

Panneaux officiels ou pas, les affiches des candidats sont régulièrement arrachées. Généralement, ce ne sont pas des passants énervés qui les dégradent mais des militants d’autres partis. La “guerre des affiches” va durer encore deux semaines.

Section PS de Tourcoing, Jean-Claude, vieil habitué des campagnes, peste contre les militants du camp adverse : “Ils arrachent, ils arrachent !” On en viendrait presque à le plaindre. Tant d’énergie dépensée à coller des affiches que personne ou presque n’aura eu le temps de lire… Jusqu’à ce qu’arrive sa femme, d’environ soixante-dix ans : “Je me suis pris les pieds dans je ne sais quoi. Je me suis rattrapée à ce que je pouvais… pas de chance, c’était une affiche de Vanneste !” Et d’ajouter, avec un sourire en coin :“J’ai les chevilles fragiles, ce n’est pas de ma faute.”

Les affiches ont une durée de vie très courte. “En moyenne, sur un collage de quatre heures, on colle entre 200 et 300 affiches, raconte Nicolas, militant UMP à Lille, et les affiches tiennent en moyenne cinq, six heures” avant d’être recouvertes ou arrachées. Tout ça pour ça…

Le meilleur moment pour coller ? “Juste après le collage des autres partis !”, ironise Pascal, jeune militant socialiste.
Les avis divergent : Nicolas, opte pour le matin, “vers 7 ou 8 heures” ; Pascal, lui, préfère coller la nuit. “On colle entre 20 heures et minuit. Les gens voient ça pendant douze ou quinze heures, et après tant pis.”

Ce n’est pas si grave, en fait. Depuis environ dix ans, la manière de mener une campagne a évolué. “L’affichage marque notre présence sur le terrain, notre force militante. Mais en soi, la part des panneaux n’est plus un moyen de communication de campagne. Il y a beaucoup plus de visuel sur Internet” indique Nicolas. “C’est une ambiance avant tout, on est entre potes. Il s’agit de faire d’un truc chiant, un truc agréable.”

Coller, arracher, recouvrir… Nicolas admet : “C’est la foire d’empoigne ! Mais si ça l’était pas, ce serait pas une campagne ! C’est un jeu…” Selon Nicolas, la situation pourrait être pire. Il fut un temps où les militants mélangeaient “du micro-verre pilé dans la colle”

Anne Cantener

L’affichage est soumis aux règles de la campagne officielle : les colleurs d’affiches ont pu commencer leur travail lundi 25 février. Ils devront s’interrompre toute la journée de dimanche. Les militants pourront quand même remplacer les affiches détruites sur les panneaux officiels. La campagne d’affichage reprendra alors jusqu’au samedi suivant, minuit.

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