Christian Baeckeroot est le leader incontesté de l’extrême droite tourquennoise. Ce déçu de l’évolution récente du Front National, démissionaire du bureau politique l’année dernière, n’a pas obtenu l’investiture de son parti. Amputé d’une partie de ses financements et de ses militants, il reste susceptible de provoquer une triangulaire, et d’assurer la victoire du socialiste Michel-François Delannoy.
La flamme est dans le cœur. Pas besoin de l’avoir sur les affiches, le fameux logo bleu-blanc-rouge enflammé, symbole du Front National, Christian Baeckeroot s’appuie sur des convictions profondément ancrées. Car c’est privé de l’investiture officielle de son parti que le leader du FN tourquennois se présente pour la quatrième fois aux municipales. Opposant énergique de Marine Le Pen, Christian Backeroot paye sa désapprobation publique de la ligne “moderne” incarnée par la fille du chef depuis 2002. « Moderne ? Regardez dans un dictionnaire. Moi j’y vois "favorable à l’évolution des mœurs"… Ça, c’est pas nous ! », explique-t-il en marge d’une réunion publique organisée lundi soir autour d’une soixantaine de fidèles.
Investiture officielle ou pas, le candidat des valeurs frontistes à Tourcoing, c’est bien lui. La présence de Carl Lang, député européen et chef de file du FN au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, visait à le rappeler sans ambiguïté. Un soutien de poids, venu de la figure du FN dans le Nord, partisan de la ligne conservatrice du parti. Son éloge appuyé du candidat et son point politique général évitent soigneusement le thème des divisions du parti. Mais l’assistance, des sympathisants simples et discrets, ne pose pas de questions.
Elle préfère écouter le discours sobre et rigoureux de Christian Baeckeroot, où s’imbriquent politique locale et nationale. Une charge contre le capitalisme spéculatif et ses scandales récents, « maladie de la décadence européenne », précède une longue dénonciation de la gestion économique tourquennoise : endettement, fiscalité élevée, coexistence de deux projets nautiques,… Avant de terminer sur les dangers de l’islamisation.
Manque de moyens
Les mains libres, Christian Baeckeroot en a profité pour se réconcilier avec les autres sensibilités de la droite nationale, comme y sont parvenus, sans investiture du FN, des candidats à Lomme, Marcq-en-Baroeul ou Wattrelos. Les “traîtres” d’hier du MNR, partis avec Mégret en 1998, sont de retour sur la liste, aux côtés des Identitaires. Pas facile néanmoins de faire campagne sans le financement du parti. En témoigne le frugal apéritif payant à l’issue de la réunion. Même la force militante est amputée. Peu de Tourquennois hier soir, la plupart des présents venaient de la frange conservatrice du FN de la métropole lilloise.
Christian Baeckeroot reconnaît qu’il manque de moyens dans cette campagne : « En 1995, on dépassait les 30% de voix. Je n’ai plus autant de disponibilité aujourd’hui. Et il y a moins de militants, mais ça c’est partout pareil. » Un peu d’usure aussi, pour quelqu’un qui mène l’opposition, isolé et méprisé, depuis 19 ans ? La question irrite le personnage, mais la réponse enflammée révèle la foi qu’il met dans son combat. Et de hausser le ton contre ses adversaires de Tourcoing : « Ils brassent du vent, ils sont nuls en économie. Leurs politiques ont toutes échoué ! » Quand Christian Baeckroot se compare, il se console.
Benjamin Legendre
mercredi 5 mars 2008
Tourcoing - Baeckeroot, sans-papier du FN
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