"C'est un scandale démocratique. Les gens désignent des élus, qui choisissent eux-mêmes d'autres élus, qui ne rendent aucun compte aux électeurs. Dès lors, ils sont amenés à faire n'importe quoi, comme le projet de grand stade. " Eric Quiquet est acerbe lorsqu'il s'attaque au dossier qui a concentré les critiques des Verts lors de la campagne municipale à Lille. Durant le meeting de fin de campagne du 4 mars, la tête de liste écologiste a encore une fois rappelé que les élections de ce week-end devaient se lire à deux niveaux. Celui de la mairie bien sûr, mais aussi celui de la communauté urbaine de Lille.
Et c'est bien à ce second niveau que s'est décidé le choix du projet d’Eiffage. Un projet à 700 millions d'euros, qui a soulevé les critiques en raison de son ampleur financière. Une critique à laquelle se sont rapidement joint les élus Verts. Ils stigmatisent par exemple la redevance de 14,2 millions d’euros que la communauté urbaine pourrait verser pendant 31 ans au constructeur. En toute logique puisque les huit conseillers écolos de la communauté urbaine, dont 6 représentant Lille, n'ont pas pris part au vote consacrant le projet. Pour eux, la question est simple. Elle s'affiche d'ailleurs sur les murs. 700 millions d'euros pour un grand stade ou 20 000 logements sociaux, un réseau de tramway, 5 000 vélos en libre-service et 3 piscines? La question reste posée. Si le choix du projet a été voté le 1er février, son financement devra attendre le renouvellement du conseil communautaire.
Un programme pour la communauté
Ce dossier du grand stade est surtout le symbole d'une LMCU qui prend le pas sur les communes en terme de compétences et de moyens. Pour exemple, le budget de la communauté urbaine dépasse en 2008 le milliard et demi d'euros, alors que le budget de la ville de Lille tourne autour de 340 millions d'euros. Une prépondérance qui justifie d'autant moins, pour Eric Quiquet, l'opacité autour des enjeux de la communauté.
C'est dans cette optique que les Verts ont lancé dès le 9 février le manifeste pour une métropole durable et solidaire. Un manifeste assimilable à un programme de liste. La démarche est originale. Et fédératrice. " Tous les Verts du Nord-Pas-de-Calais sont d'accord avec le manifeste, que ce soit les listes vertes et ouvertes... " Car tous les Verts ne sont pas sur des listes autonomes. Ceux de Tourcoing sont associés à une grande coalition de gauche conduite par le socialiste Michel-François Delannoy. Pour rappel, les conseillers PS ont voté en faveur du grand stade. Comment les Verts peuvent-ils faire peser leurs voix dans le cadre d'une telle coalition?
La question se pose aussi pour les Verts de Lille. Eric Quiquet se défend d’avoir pour seule possibilité un désistement au second tour au profit de Martine Aubry. " Ça dépendra de la qualité de l’accord. " Qui sera lui même dépendant du score des Verts au premier tour. " Plus de voix, c’est plus de poids ", résume Eric Quiquet. Il espère récolter plus de 15,5 % des suffrages exprimés, soit plus que son score aux municipales de 2001. Un résultat qui permettrait aux Verts de se maintenir en vue du deuxième tour. Et surtout d’aborder sans faiblesse les négociations de l’entre-deux tours avec les socialistes, stade y compris.
Joseph BANCAUD
vendredi 7 mars 2008
Lille - Les Verts incisifs dans le débat métropolitain
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire