mercredi 5 mars 2008

Hénin-Beaumont - Le choc des cultures













La culture est souvent le parent pauvre de la politique. Dans l’ancienne cité minière, pourtant, l’association l’Escapade impulse depuis 17 ans une activité culturelle qui rayonne même au-delà de la ville.


Sur le bureau de David Verkempinck, le directeur de l’Escapade, les propositions de spectacles s’empilent : une troupe strasbourgeoise par-ci, une chanteuse du cru par-là.
L’Escapade revendique cette saison 97 représentations, dans des genres très différents. Illustration mardi dernier, lorsqu’un groupe d’enfants sort d’Everglade, un concert de chant lyrique. Tout sourires, les plus jeunes d’entre eux n’ont pas décroché pendant toute la durée de la représentation, grâce notamment à une préparation faite en amont dans les classes. Pour Marie-Astrid Stock, chargée de mission pédagogique de la Clef des Chants, qui organisait le spectacle, il n’est pas nécessaire d’avoir des "connaissances musicales absolues pour pouvoir sentir la musique."

Une culture trop élitiste ?
David Verkempinck partage l’avis de Marie-Astrid Stock: "On défend une idée de la culture pour tous, et surtout que tous puissent accéder à la culture." Il rappelle également que pour certains spectacles l’entrée ne coûte pas plus d’un ou deux euros.
Cependant, la programmation culturelle à Hénin-Beaumont serait-elle trop peu abordable ? C’est en tous cas l’avis du Front National. Marine Le Pen dans l’émission "La voix est libre" de France 3 Nord-Pas-de-Calais, réalisée le 1er mars, dénonce la "culture pour un petit nombre".




David Verkempinck réfute cette vision et préfère "élever le niveau de connaissance des gens", sans oublier des aspects "grand public", avec "Anne Roumanoff, Hugues Aufray ou le chanteur Da Silva". L’association incite également aux pratiques culturelles à travers différents ateliers, comme le théâtre, le chant ou encore le tai-chi.

Liberté artistique face au politique
Revenant sur le débat organisé par France 3 Nord-Pas-de-Calais, le directeur ne décolère pas : il était prévu comme intervenant dans l’émission, le duplex a finalement été annulé. Une occasion manquée de mettre la culture à l’honneur et de discuter des directions à prendre avec les différents candidats.
Dans cette campagne électorale, l’Escapade, mandatée par la mairie pour impulser l’activité culturelle de la ville, tient à rappeler son indépendance. Quand on lui parle d’ingérence politique dans la culture, David Verkempinck lâche que si cela arrivait : "on est morts".
Sur le plateau de France 3, Marie-Noëlle Lienemann avait expliqué en réponse à Marine Le Pen que l’Escapade n’accueillait pas que des "musiques urbaines", prenant l’exemple de Fanny Ardant venue faire des lectures. La leader frontiste l’avait interrompu : "Non, elle vient soutenir Gérard Dalongeville". A Hénin-Beaumont aussi, la culture est un enjeu de campagne.

P-F.D.

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